Interview : Guillaume Burger

Ceci est une retranscription écrite du Podcast enregistré au mois de janvier 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Guillaume Burger : Très bien !

Je suis actuellement à Prémanon, on est 4-5 et on prépare la saison avec pas mal de PPG.

Il y a très peu d’année où je n’ai pas coupé le Kayak pendant 3 ou 4 semaines, histoire de varier les plaisirs, d’être dans un autre milieu et de revenir plus motivé.

On est un petit groupe qui allons à Prémanon car on expérimente l’entraînement en hypoxie en dormant dans des chambres hypoxiques équivalentes à 2500 m d’altitude.

On fait aussi des RSH, des répétitions de sprint en hypoxie à “3000 m” d’altitude soit sur WattBike ou sur ErgoSki afin de développer nos aptitudes de forces le tout couplé à de bonnes séances d’aérobies de base en ski.

L’instigateur, c’est Philippe Colin qui a poussé pour qu’on puisse faire ca. C’est une façon un peu différente de s’entraîner et ce que j’aime, c’est que cela change mes habitudes, ca nous sort de notre confort.

C’est mon quatrième stage comme ca de 3 semaines.

Quand on redescend à l’altitude “normale”, on est vraiment fatigué une semaine et après, on arrive à enquiller un peu plus et de faire des grosses séances.

C’est un stage qui nous permet d’encaisser plus par la suite ce qui me permet de passer des caps après en bateau.

Quand j’étais plus jeune, ca me gênait de couper le bateau mais avec l’âge, cela ne me gêne plus. Le fait d’avoir beaucoup pagayer toutes ces années, je m’adapte beaucoup plus facilement.

Les Secrets du Kayak - Comment as-tu débuté ?

Guillaume Burger : J’étais au collège et on a fait une classe verte de Kayak.

L’été suivant, j’ai fait un stage en eau-vive à Strasbourg avec les mêmes moniteurs et j’ai accroché. J’ai pris ma licence la saison d’après.

Le club s’appelle Strasbourg eau-vive mais dans les années 1990, il y a eu Babak Amir Tahmasseb qui a percé au club.

Il était d’abord en descente avec Bruno Dazeur que j’ai retrouvé plus tard. Je crois qu’il avait été champion du monde de descente en junior et il a fait après la bascule en Kayak de course en ligne.

Le Club a suivi et quand je suis arrivé en 2001, c’était un club très polyvalent.

J’ai d’abord accroché avec la descente de rivière en cadet et junior. Comme c’était un club multi-kayak, j’ai fait les “régates” minimes où j’ai fini 3 fois 4 ème ce qui m’a mis un peu la “rage”.

J’étais donc plutôt polyvalent pendant longtemps.

Guillaume Burger

Après, c’est un peu par hasard que je me suis au Kayak de course en ligne. Je cherchais à me sélectionner en équipe de France de descente, il prenait les 4 premiers et je fais 5 ème.

On était au mois de mars et il restait tout une saison à faire. Le coach m’a alors proposé de faire de la course en ligne. Je fais alors 3 ème au championnat de France de fond ce qui me sélectionne aux piges.

Comme ils ont sélectionné beaucoup de monde cette année là, je me trouve alors en équipe de France junior et après j’ai enchainé.

J’ai fait des championnats d’Europe en équipe et c’est ces expériences de K2 et K4 qui m’ont beaucoup plus.

J’ai quand même hésité un peu en Junior 2 mais je me suis orienté quand même sur la course en ligne.

On a beaucoup d’exemple de descendeurs qui ont fait la bascule avec succès en kayak de course en ligne que ce soit en France ou à l’étranger.

En descente, il faut savoir que 80% de l’entraînement se passe sur de l’eau plate, tu as donc déjà des habiletés pour la course en ligne.

La position est un peu différente car tu es un peu plus bas sur ton siège. Cela glisse moins et tu mets plus de fréquence et moins de puissance à chaque coup mais la bascule se fait assez facilement.

La stabilité est différente mais si tu arrives à descendre des rivières déchaînées, en général, sur le plat, ca se passe bien.

Ce qui change le plus par contre, c’est la confrontation directe. Entre un contre la montre sur une rivière et une course en couloir, c’est pas la même chose mentalement.

Après je n’y étais pas totalement étranger avec mon Club comme on faisait de tout.

A 12 ans, j’avais fait pas mal de sport comme du judo, de l’escalade, du basket sans jamais trop accroché. J’étais plutôt le gringalet bon en cours et pas très fort en sport.

Au début en Kayak, j’étais dans le paquet.

Quand j’ai commencé mes premières compétitions, on me surnommait le poissard car j’étais abonné au quatrième place et puis un jour, j’ai fait une médaille et c’est devenu possible pour les autres.

Les Secrets du Kayak - A partir de quand as-tu intensifié ta pratique du Kayak ?

Guillaume Burger : Au tout début, on faisait 2 séances mais rapidement, on est passé à la vitesse supérieure.

A Strasbourg, on avait un super groupe et un super encadrement avec Bruno Dazeur. Il y avait déjà une génération plus âgée qui était au sommet des podiums en descente et il y avait aussi une espèce de pole espoir à côté qui venait s’entraîner et qui faisait que comme on avait que 14-15 ans, ca nous donnait envie d’y aller, ca nous montrait ce que c’était que de s’entraîner dur.

On a commencé à rajouter une séance en semaine, puis une séance le dimanche, puis des stages.

Progressivement, on a monté la dose jusqu’à arriver en junior à faire deux séances par jour. C’était quelque chose d’assez normal dans mon groupe d’entraînement. C’était matin et soir.

Je n’avais pas voulu de faire de sport études car j’avais envie d’en finir le plus rapidement possible avec les études. Ca me faisait des très grosses journées car je me déplaçais en vélo ce qui me rajoutait 1h de trajet par jour mais je ne voyais pas le temps passé tellement j’étais motivé.

En junior 1, j’ai vraiment découvert la course en ligne et l’équipe de France et en junior 2, j’ai vraiment voulu mettre le paquet.

J’ai changé d’entraîneur avec Herman Le Marrec et du coup, cette année là, je me suis mis la dose. J’arrivais à la fac et j’avais donc plus de temps.

Je gagne les piges sur 500 et 1000 m et on avait un super K2 avec Tom Kettani Latu avec qui on a gagné les championnats d’Europe et fait 3 ème au championnat du monde sur 500 m.

Je m’entraînais fort et le but, c’était de jouer les podiums. A l’époque, en junior, on faisait des régates où on rencontrait des slovènes, des slovaques, des allemands mais on n’avait pas encore rencontré les canadiens, les néo-zélandais…

On essayait de faire une super course et on voyait le résultat que ca donnait. On partait à fond, on explosait un peu et on regardait sur la ligne d’arrivée le résultat.

Je pars toujours à fond sur le 500 m. C’est un sprint long donc il n’y a pas de concession à faire sur le départ. Mais après il y a un temps de glisse et un temps de gestion.

Les Secrets du Kayak - Et les études alors ?

Guillaume Burger : J’ai fait ma première année de licence à Strasbourg, après j’ai été à la fac à côté de Vaires sur Marne. Ca plaisait beaucoup aux professeurs que j’ai ce double projet, ils étaient assez arrangeant vis à vis des stages.

A 22 ans, j’ai eu mon master et j’ai pu alors me consacrer au Kayak.

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En 2008, j’avais participé au championnat d’Europe Senior en K4 avec Arnaud Hybois, Etienne Hubert et Maxime Beaumont. Ca servait de rattrapage pour se qualifier aux JO mais ca ne l’a pas fait car il fallait faire un podium et on a fait 8 ème.

Je suis alors redescendu en moins de 23 ans.

En 2009, j’ai fait d’excellentes piges, j’étais entre la deuxième et la quatrième place sur le 500 et le 1000 mètres ce qui m’a permis d’intégrer le K4 Senior avec Philippe Colin, Sebastien Jouve et Vincent Lecrubier.

On a rapidement trouvé une certaine osmose et on a fini vice champion du monde en 2009.

En 2010, j’étais à côté de la plaque aux piges ce qui m’a fait sortir du K4. Je ne sais pas pourquoi j’ai été si “nulle” cette année là.

J’ai mis plusieurs années avant de retrouver un niveau intéressant.

Jusqu’en 2017, j’étais seulement en équipe B. C’était des années difficiles.

Les Secrets du Kayak - Peut-on vivre du Kayak ?

Guillaume Burger : J’ai toujours été en Pole France ce qui m’a permis d’avoir accès aux structures et aux entraîneurs nationaux. En même temps, j’avais un CIP ce qui faisait que je travaillais à mi-temps tout en ayant un salaire de temps plein.

Mon quotidien est le même depuis plus de 10 ans et quand on me demande ce que je fais, je dis que je fais du Kayak. Après il y a des années où ca marche plus ou moins bien.

En 2021, pour moi, c’est les années où c’est le plus dur d’avoir des aides. Ca fait 2-3 ans que la politique a changé et le concept du mouvement sportif, c’est de mettre le paquet sur les médaillables et beaucoup moins sur les “potentiels”.

Depuis 2-3 ans, je n’ai plus aucun soutien alors qu’en 2013-2015, j’avais un CIP, des aides du comités… En plus, il y a le Covid actuellement ce qui n’aide pas.

Aujourd’hui, trouver une région qui aide à acheter un kayak, ca devient impossible. J’ai eu une CIP pendant des années, elle s’est finie il y a deux ans et on m’a clairement dit que je n’en aurais plus pour le reste de ma carrière.

J’ai eu le droit à deux ans de chômage comme j’avais travaillé un moment et maintenant, je pense que ca va être le RSA ou un hypothétique mécène.

Après tout cela me parait malheureusement logique car j’ai fait des études dans le marketing. Nous, les kayakistes, on ne montre rien.

On parle de nous quand on fait les jeux olympique et pendant 4 ans, on nous voit pratiquement pas. C’est à dire que personne n’a jamais entendu parler de moi.

Pour les sponsors, c’est un peu dur.

D’un côté, je m’en plains et de l’autre côté, je suis conscient qu’on ne fait pas ce qu’il faut pour se mettre en avant. Il n’y a pas assez d’évènement sexy, on ne fait pas assez le show, on ne se montre pas.

On a une grosse part de responsabilité là dedans et c’est à nous de rendre la pratique du kayak attrayante.

On parle souvent du Biathlon mais ils arrivent à faire le show, à faire un spectacle, à remplir des stades alors que nous, on fait encore du “traditionnel” et on ne se met pas vraiment en valeur ce qui fait qu’on intéresse pas.

Je ne me sens pas très à l’aise avec les réseaux sociaux mais je pense que l’on peut faire des efforts sur les évènements.

Par exemple, on a les Open de France qui sont très professionnels mais on ne fait pas de publicité, on n’est pas filmé, il n’y a pas de show autour tout comme les championnats de France.

On a un esprit club où on est tous copains, on est une grande famille mais pas une famille pas très visible ni très ouverte sur le monde.

On est un peu condamné actuellement à rester dans notre petit cercle de passionné.

C’est aussi un peu le problème avec la suppression de deux épreuves aux Jeux Olympique de Paris 2024 où les K1 200 mètres hommes et femmes vont disparaître.

Il y a une super compétition, de nombreux pays qui se tirent la bourre mais on ne se met pas en valeur. On a un super sport, je trouve mais on n’évolue pas. Il faudrait qu’on arrive à ne plus être immobile, à faire des choses autours de notre sport pour que les gens nous voient plus.

On a quelques régates et évènements qui valent le coup comme la régate de Decize, le Breizh Kayak Festival, la régate de Saint Laurent de Blangy… Et qui pourraient faire participer les semi-compétiteurs qui ne sont pas à haut niveau.

Mais c’est vrai qu’on a du mal à déplacer les foules.

On a du mal à sortir du cadre et à proposer des “innovations”.

Il y a quelques temps, je me suis acheté un petit drone, chose que beaucoup d’autres sportifs ont dans leurs valises. J’aime bien partager les belles choses que l’on fait et avant d’être un sportif de haut niveau, je suis un sportif avant tout.

Comme avec un drone, tu ne peux pas te filmer toi-même, je me suis mis à filmer mes coéquipiers et amis et comme ce n’est pas moi dessus, j’ai créé un compte sur instagram “Burg-Air” où je partage ces images, pour montrer les expériences que l’on vit.

Comme je suis au chômage, ca m’occupe aussi pas mal lors de mes après-midi de repos de filmer, de monter.

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Je pense vraiment qu’on a un super produit mais comme personne ne le met en avance, personne n’en a conscience.

Il faudrait aussi qu’on arrive à accrocher plus de médailles car forcément, ca parle et ca fait plus accrocher dans l’esprit des gens.

Je pense qu’en tant qu’athlète, on fait le boulot au niveau sportif mais qu’on pourrait faire plus mais aussi que tout ce qu’il y a autour pourrait être mieux “packagé”.

J’ai une petite histoire avec Ocean Park. Ils m’ont contacté sur instagram, ils sont essentiellement des sports de glisse et j’ai donc fait un shooting avec eux.

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C’est une petite marque bretonne qui se développe pas mal et mon univers avec le Club de Saint Grégoire, ca leur a plu.

On s’entend bien et ils me soutiennent. Je suis content de les représenter.

Les Secrets du Kayak - L’évolution de ton entraînement

Guillaume Burger : Quelque soit la distance de course, je démarre et fini toujours très fort mais je ne gagne pas à chaque fois ce qui veut dire qu’au milieu, il se passe quelque chose.

Pour un kayakiste, je suis un petit gabarit car je fais moins de 80 kg pour 1m81. Je ne suis pas capable de te dire qui a une calvitie dans l’équipe de France.

J’ai un gabarit qui favorise l’accélération et moins l’inertie.

Je pense que ca vient aussi de ma technique et de mes propriétés motrices. Je peux être véloce mais je ne suis pas très puissant.

Même sur 200 mètres, je n’arrive pas à maintenir ma vitesse du début à la fin.

C’est peut être aussi un peu mental.

Quand je ne calcule pas, je peux être fort mais quand je suis fatigué et qu’il faut être un peu “malin”, peut être que toutes les connexions ne se font plus.

J’en suis assez conscient mais c’est un défaut que j’ai du mal à corriger malgré le fait que je bosse dessus.

L’été dernier, j’avais passé un cap sur le 1000 mètres mais depuis j’ai fait d’autres courses et je suis retombé dans mes travers.

Je ne maîtrise pas encore ce train de course, cette vitesse de croisière.

En monoplace, j’ai un peu de mal aussi et j’ai l’impression de mieux m’exprimer en équipage où j’arrive à avoir plus de régularité.

Ce que je dis, je pense, n’est pas très original.

Je travaille cela techniquement car je n’ai pas de problèmes physiquement à tenir un effort, surtout quand je vois que je peux relancer fort en fin de course.

C’est plus de maintenir ma technique tout le long de la course. Les séances clés pour travailler ca, ce sont les séances de puissances aérobies sur 3, 4 voir 6 minutes où j’essaye toutes les 30 secondes de maintenir ma vitesse coûte que coûte.

Justement, ce sont des séances que je n’aime pas faire. Ce qui est le plus plaisant, c’est de travailler ses points forts.

Par exemple, des séances où on va faire des 1 minutes, ca, j’adore.

Par contre, bosser mon point faible, c’est laborieux. Quand j’arrive à faire une bonne course derrière, je suis content.

Je fais quand même ces séances avec envie.

Je ne pense vraiment pas que le problème soit physique, mais plus sur la réalisation d’une course, sur mon coup de pagaie, si j’arrive à bien propulser mon bateau avec mes jambes du début à la fin.

Ma distance de prédilection, c’est le 500 mètres mais comme on a loupé le quota pour aller au Jeux Olympique avec le K4 500 mètres, ma seule possibilité d’y aller, c’est de me qualifier sur le 1000 mètres et là pour le coup, ca a toujours été une distance sur laquelle je pense pouvoir être bon.

De façon ponctuelle, je fais un peu de préparation mentale mais je n’ai jamais accroché sur le long terme.

J’ai plus travaillé avec des psychologues sur ma vie en général et ce que j’allais trouver dans le Kayak.

On parle beaucoup de préparation mentale depuis quelques années, comme une mode et pour moi, ca n’apporte rien de nouveau car c’est ce que je fais tous les jours avec mes coach.

C’est avec eux que je discute technique, physique et mental.

Je suis connu pour être un gros travailleur et ca m’a joué quelques tours.

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D’abord en junior où j’avais bossé comme un malade mais sans avoir forcément la “caisse” pour. Par chance, j’ai eu cette baisse de régime à un moment où il n’y avait pas de compétition importante. J’ai eu le temps de me refaire la cerise.

Fin 2016, j’ai contracté une hernie discale. Je suis assez dur au mal et justement, cette hernie discale que j’ai vraiment résolu 3 ans après, elle m’a vraiment montré que ce n’était pas que plus j’en faisais, plus j’allais progresser. Qu’il fallait un équilibre à côté du kayak.

La vie est une question d’équilibre, surtout en sport si on veut être performant. Il faut être bien dans ses baskets et ca, ce n’est pas possible qu’en sport.

Les Secrets du Kayak - Pourquoi un siège tournant ?

Guillaume Burger : Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à mes débuts, j’étais en siège tournant dans mon kayak. C’était vraiment technique, j’aimais bien, ca me donnait de l’amplitude et de l’aisance dans mon geste.

Ce n’est pas très courant et souvent en équipage, les équipiers ont tendance à ne pas avoir confiance.

En 2014, je suis donc passé à un siège standard qui donne plus de contraintes sur le bas du dos car il y a moins de mobilité dans le bassin. Ca m’a donc imposé de nouvelles contraintes, j’ai fait plusieurs lumbago sans trouver de solutions. Je m’acharnais à l’entraînement et quand j’ai eu ma hernie discale en 2016, j’ai du me remettre en question.

Je suis retourné dans un siège tournant que j’ai fait sur mesure avec un orthoprothésiste pour mettre les problèmes de dos derrière.

Quand ca ne va pas, il ne faut pas s’acharner mais plutôt prendre du recul et trouver des solutions.

Ca a quand même mis 3-4 ans avant de me faire des lumbagos régulièrement mais il n’y a eu aucun moment où j’ai pris du recul avant ma hernie.

J’ai été arrêté pendant 3 mois et loupé une partie de la saison 2017 à cause de ca.

J’ai mis du temps à le gérer et j’espère que ca ne m’embêtera plus jusqu’à la fin de ma carrière.

J’ai fait mon siège avec un orthoprothésiste qui a fait un moule de mes fesses, il est vraiment sur mesure mais la grosse particularité, c’est qu’il est très plat sur le fond et un rebord très prononcé sur l’arrière pour soutenir mes lombaires.

Quand il a vu les sièges standards que toutes les marques ont, ergonomiquement parlant, il ne comprenait pas qu’on ne soit pas plus maintenu que ca sur l’arrière.

Je ne suis pas le premier à avoir eu des problèmes de dos et à l’avoir résolu avec un siège tournant.

Je pense notamment à Amandine Lhote et Sarah Troel qui ont fait la même chose.

Si je pagaie bien, idéalement, je ne vais pas m’appuyer sur le rebord arrière du siège et celui-ci ne me limite pas dans ma rotation comme le siège tourne.

En général, au début, on utilise le siège tournant comme un éducatif sur quelques séances pour trouver de la mobilité et en junior 2, j’ai vraiment trouvé ca intéressant et j’ai développé ma technique avec.

C’est une façon de pagayer un peu différente d’un siège normale mais qui me va très bien.

Le problème au début pour s’adapter, c’est que l’on a beaucoup moins de préhension dans le bateau, on le tient beaucoup moins et on peut avoir l’impression de se faire balader par ses équipiers en équipage qui eux, vont plus tenir le bateau.

Je pense qu’il faut avoir un gainage plus fin, avoir des micromouvements et des abdos très solides.

Mais par contre, on a plus d’amplitude dans les hanches et donc dans les jambes ce qui fait qu’on peut plus s’en servir.

Je fais beaucoup de travail de gainage en instabilité, je me rajoute environ 3 séances de 20 à 30 minutes par semaine, que ce soit avec des waff, avec des Swiss Ball, ce qui demande beaucoup de concentration et qui me semble indispensable pour la pratique du kayak de course en ligne en général.

C’est important d’avoir des gros muscles pour envoyer des watts mais aussi tout ce gainage pour être à l’aise dans son bateau et pouvoir s’exprimer.

Ce que je vais utiliser pour travailler ma stabilité aussi, c’est d’utiliser une cadence très basse pour chercher de l’instabilité et de placer des coups de pagaies propres et sans mouvements parasites.

Un autre truc que j’aime bien, c’est de travailler avec un parachute qu’on va laisser trainer dans l’eau ce qui est un espèce de frein géant. Tu peux difficilement aller à plus de 6 km/h mais ce n’est pas comme mettre un frein car là, ca ne casse pas la glisse du bateau.

Avec ca, tu as moins d’instabilité mais le but est de pagayer lentement et d’avoir le geste le plus précis possible.

En musculation, j’ai un bon rapport poids/puissance. Par exemple, en tractions lestées, je suis parmi les meilleurs. La dernière fois, j’ai fait 3 répétitions avec 65 kg.

Les Secrets du Kayak - Pourquoi avoir deux entraîneurs ?

Guillaume Burger : Au centre de mon cercle de performance, je mets François During et Philippe Colin.

Je pourrais aussi citer Herman Le Marrec où j’habite à Rennes, qui intervient moins régulièrement mais dont j’aime avoir l’avis.

Je pense que François et Philippe s’entendent très bien et ils ont aussi bien des grosses qualités que des gros défauts dans leurs manières de coacher mais par contre, entre eux, ils communiquent super bien.

Il y a vraiment des fois quand je n’ai pas de solution, je vais dire l’information à l’un, et en discutant, ils auront plein d’idées pour résoudre le problème.

Avant tout, je pense que je suis performant et j’ai envie de performer dans des biplaces et quatre-place, donc des sports d’équipes et à ce moment là, je pense que c’est une force d’avoir un entraîneur qui entraîne moi et mes coéquipiers qui sont aussi mes adversaires.

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Notre objectif reste de faire des médailles aux championnats du monde, aux Jeux Olympique et il y a de fortes chances qu’on soit dans le même bateau.

Si on est nombreux à être entraîné par François, c’est qu’on est nombreux à penser que c’est un super entraîneur.

Pour se qualifier aux Jeux Olympique de Tokyo, il faut que je sois le meilleur français sur 1000 mètres en dehors d’Etienne Hubert et de Cyrille Carré qui sont qualifiés sur le K2 1000 mètres.

Mais je ne vois pas mes coéquipiers comme des adversaires mais plutôt des “aides” pour qu’on progresse mieux ensemble.

D’ailleurs, si je suis venu à la course en ligne, c’est justement pour les équipages ce que je trouvais qu’il manquait au Kayak de descente.

Je n’ai pas vraiment changé ma manière de m’entraîner pour le 1000 mètres car l’effort ressemble à celui du 500 mètres à part rajouter un peu d’aérobie ce qui fait que j’ai un programme hybride actuellement avec 18 et 24 heures d’entraînement en semaine de développement et entre 120 et 150 km de Kayak par semaine en stage.

Je ne mets pas de teflon sur mon siège tournant vu qu’il tourne mais il est recouvert d’une petite mousse pour une question de confort et être bien maintenu dans le siège.

Je pense que le truc que je fais plus que d’autres, ce sont les séances avec le parachute où je vais faire 8x20’’ en pagayant à 40 de cadence et après où je vais l’enlever et pagayer pendant 20 minutes tranquillement afin d’imprimer ses sensations dans mes muscles et dans mon cerveau.

Les Secrets du Kayak - Quelle est ton hygiène de vie ?

Guillaume Burger : Je ne fais rien de particulier. La moitié de l’année, j’essaie de ne pas abuser et l’autre moitié, j’essaie de suivre les grands principes basiques de l’alimentation saine à l’approche des compétitions.

Je prends un peu de shaker de protéines après mes séances de musculation et parfois un peu de BCAA. Je peux faire une cure de gelée royale ou prendre de la vitamine D l’hiver.

Je ne fais pas de méditation ou de sophrologie.

J’ai mes petites routines de concentration pour les séances clés ou les compétitions.

J’ai fait un peu de Yoga pendant le premier confinement car je n’avais rien d’autre à faire où j’avais un ergomètre et deux haltères.

Je me suis déjà subluxé une épaule en faisant une descente de rivière quand j’étais un jeune senior mais sinon je n’ai jamais rien connu de très sérieux.

Comme on n’a pas trop d’impacts, on est assez protégé niveau blessures au Kayak.

Les Secrets du Kayak - Pourquoi avoir changé de Club ?

Guillaume Burger : J’étais de Strasbourg de 2001 à 2017 et l’équipe de direction a changé à ce moment et ils sont arrivés avec un nouveau projet.

Le sport de haut niveau les intéressait beaucoup moins, ils préféraient former des jeunes et s’orienter vers le sport associatif. Ils ont été très clair avec moi et comme j’habitais déjà à Rennes à l’époque, ca m’a paru assez évident de passer le cap en “signant” à Saint Grégoire qui est un club historique.

On a une super équipe et on s’amuse bien.

En 2019-2020, là où je me suis le plus entraîné en Floride.

Après quand je suis à Rennes, je m’entraîne à Saint Grégoire mais sinon pour participer à tous les regroupements, je suis régulièrement à Vaires sur Marne.

En fait, la plupart du temps, on s’entraîne sur les Poles France où on a nos coéquipiers et les entraîneurs nationaux et c’est pour cela que c’est difficile de garder du lien avec nos clubs.

On se retrouve à la pré-saison, pour préparer les championnats de France à ce moment là, on retrouve l’esprit Club dont on est particulièrement fier dans le Kayak.

Les Secrets du Kayak - Quel matériel as-tu ?

Guillaume Burger : Je suis en Nelo Cinco L, j’avais essayé le Nelo Sete mais je l’ai trouvé trop directeur.

Je crois que Maxime Beaumont est passé en Sete ainsi que Franck Le Moel et sur la scène internationale, c’est du 50/50.

Avant le Cinco, j’étais en Quattro mais quand je l’ai essayé, je l’ai tout de suite adopté.

J’ai longtemps gardé mon Vanquish 1 et ce sont mes sensations qui décident.

Je ne me pose pas de questions, je veux un Nelo car je voyage souvent sur d’autres continents et c’est le seul constructeur avec lequel je peux retrouver mon “bateau” si j’en loue un.

En plus, ce sont les bateaux qui font le plus de médailles.

Par contre, je ne sais pas si je vais plus vite en Cinco qu’en Vanquish 1. Il n’y a pas eu vraiment d’évolution dans les formes depuis le Vanquish, la glisse n’a pas changé.

Je suis en Braca 1 depuis 4 ans. Auparavant, j’étais en Braca 2, en Gpower et en Jantex. Je trouve la Braca 1 très simple d’utilisation ce qui me permet de m’exprimer simplement.

Au niveau du matériel, je vais au plus simple.

Je la règle en 2m20 que je règle à 50 degrés et c’est une min soit 805. Parfois, je peux prendre la Smin sur un 1000 m ainsi que la Max sur de l’équipage.

Je ne sens pas trop de différences entre un manche fixe et un manche vario et comme ce dernier est plus simple d’utilisation, je ne me pose pas de questions.

Je sens que beaucoup de choses sont ancrées et qui sont stabilisées avec les années. Cela me donne de la confiance en cas d’arrêt, une certaine sérénité.

J’essaie parfois de me mettre un coup de pied au cul car je peux faire preuve d’un excès de confiance pour une séance qu’on va faire et que j’ai déjà fait des dizaines de fois, sachant déjà comment ca va se passer.

De me dépasser et ne pas rester dans mes habitudes pour dépasser mes limites et sortir ma zone de confort.

Il faut utiliser son expérience tout en gardant ses yeux de jeune homme et sa curiosité.

Quoi qu’il se passe pour Tokyo, je souhaite continuer jusqu’à Paris 2024 car je suis hyper heureux de faire du sport tous les jours, de m’aligner avec les meilleurs du monde et bien évidemment de faire des podiums.

En plus, comme c’est à Paris, il n’y aura pas mieux dans mon sport comme objectif.

Vous pouvez retrouver Guillaume Burger sur son compte Instagram ainsi que sur Burg Air.

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