Interview : Julien Carbier

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Julien Carbier en décembre 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Julien Carbier : Super Rudy, ça va et toi ?

Les Secrets du Kayak : Moi ça va toujours aussi. Aujourd’hui c’est un podcast un peu spécial, peu de monde doivent te connaître. Peux-tu te présenter ?

Julien Carbier : J’ai 23 ans je suis un entraîneur en formation. J’interviens sur le pôle espoir de Vaires-sur-Marne en kayak de course en ligne.

J’ai commencé le kayak à 9 ans, j’ai eu un parcours assez particulier, j’ai principalement couru à l’étranger en tant que kayakiste de moins de 23 ans.

Je suis de la Franche-Comté. J’ai commencé directement par la course en ligne dans un petit club, en CAPS avant de passer en mini kayak, plus adapté pour les jeunes. La différence avec un CAPS c’est que les minis kayaks sont moins gros et moins larges. J’avais la chance de pouvoir bénéficier de ce seul mini kayak. Je suis arrivé dans un trou de génération.

Je faisais deux séances par semaine, c’est la compétition qui m’a motivé. J’avais gagné un 2000m en poussin.

A côté du kayak, j’ai fait pas mal de natation et de tir à l’arc. Mais j’ai vite arrêté pour me concentrer sur le kayak dès minime 2, cadet 1.

Les Secrets du Kayak : Durant ces années, tu as beaucoup progressé ?

Julien Carbier : Je suis rapidement passé dans un vrai kayak dès benjamin 2. Je n’ai pas progressé aussi vite que j’aurai du. Avec le recul de ce que j’ai vu à l’étranger, deux fois par semaine chez les jeunes, ce n’est pas suffisant. J’aurai été meilleur en senior si j’avais pu m’entraîner plus. Mais ça suffisait pour être dans les meilleurs de la région.

J’ai été dans un bateau, un Ranger, le bateau de Philippe Colin, c’est un bateau Suranyi si je ne me trompe pas. Ce sont des vieux bateaux, on n’avait pas les moyens d’avoir des Nelo ou des Plastex. Une fois qu’on tient dans ces bateaux là, on tient dans les Nelo ou les Plastex.

Après ma première compétition des challenges minimes, quand j’ai vu que je n’étais pas dans les meilleurs nationaux, c’est là que j’ai été motivé à m’entraîner pour me rapprocher des meilleurs l’année d’après. J’étais tombé à l’eau avec juste un mauvais coup de pagaie.

Suite à ça, je me suis entraîné une fois par jour. Je m’entraînais tout seul. Je regardais des programmes d’entraînement que pouvais trouver à disposition au club ou via des pôles espoirs, on m’en envoyait.

Je me documentais. Je m’entraînais beaucoup avec des tests pass. Ce sont les tests pour les jeunes qui veulent entrer en liste espoir. Il faut faire un max de pompes, de tractions, de corde à sauter, il y a un test de course à pieds, et un en bateau aussi.

Ça a lieu tous les ans au mois de mars. C’était l’événement important si tu voulais entrer dans le haut niveau. Il fallait savoir faire de la musculation au poids de corps. Je l’ai réussi et je suis rentré en structure type pôle espoir. J’ai eu un plus gros suivi, je m’entraînais deux fois par jour.

Les Secrets du Kayak : Existait-il des stages régionaux pour les jeunes ? Pour t’aider à développer ta technique ?

Julien Carbier : A l’époque, j’avais les retours techniques au club. J’avais contacté des clubs qui partaient en stage pour me greffer et partir avec eux. Comme ça, j’avais des retours techniques. Mes parents ne me soutenaient pas plus que cela, mais j’ai su m’imposer, ils ont compris que c’est ce que je voulais faire.

Il est vrai que la technique n’a pas été mon point fort. J’ai regretté plus tard de ne pas y avoir porté plus attention. J’ai senti que c’était un facteur limitant dans la performance. Si ce n’est pas développé jeune, c’est trop tard.

La coordination doit se travailler avant l’âge de 15 ans. Ça va jouer sur le travail du haut et du bas du corps. Il existe deux écoles pour ce travail. Pour en avoir discuter avec d’autres entraîneurs, je pense que l’automatisme du geste reste le choix comme axe de travail.

Les Secrets du Kayak : Tu as eu des problèmes de technique ?

Julien Carbier : Le plus gros problème, celui qui m’a pris plusieurs années pour le résoudre, c’était de planter la pagaie les bras tendus. Avoir une amplitude suffisante. Je n’avais pas compris que c’était le bateau qui allait vers l’avant, et que ce n’était pas ma pagaie qui venait vers moi.

Les Secrets du Kayak : Tu entres en pôle espoir ensuite ?

Julien Carbier : Je rentre dans un dispositif régional d’excellence. C’est l’équivalent d’un pôle espoir sur plusieurs structures, à Mulhouse. Je m’y entraîne deux fois par jour, par conséquent je fais des progrès énormes.

C’était la structure idéale. On avait des horaires adaptés. On faisait l’école de 10h à 16h. Il y avait un hébergement centre sportif, j’y logeais toute l’année.

Et j’étais entraîné par des entraîneurs qui ont été eux même des médaillés olympiques. Je m’entraînais avec Guillaume Keller. On s’entraînait très dur par rapport aux autres. On ne faisait jamais moins de 12 km pour notre séance.

Les Secrets du Kayak : C’est quoi concrètement un échauffement pour toi en kayak ?

Julien Carbier : Tout dépend de la séance, il faut que ce soit au minimum 1km. Tout dépend aussi de l’intensité que tu vas mettre dans ta séance.

Personnellement j’aime bien commencer la séance en salle, pour monter sur l’eau en étant prêt. Ne pas avoir de petites douleurs.

Ensuite c’est bien de monter progressivement en intensité pour avoir un travail de qualité. Ce qui est important, c’est de placer la qualité dans la technique. C’est tout aussi important pour le physique que pour le mental.

Les Secrets du Kayak : Quand tu arrives à Mulhouse, ça ressemble à quoi une semaine d’entraînement ? Est-ce que tu peux développer un peu ?

Julien Carbier : Au fil de mes deux années, c’est monté progressivement. L’hiver on faisait plus de PPG et au moins une séance de bateau par jour. L’été on passait à deux séances de bateaux par jour.

On a fait beaucoup de musculation. La PPG, ce sont des activités hors bateau. Ça peut être de la course à pieds, de la natation et de la musculation.

L’hiver c’est vraiment dur énergétiquement que d’aller sur l’eau par -10°C.

Après ma fréquence cardiaque, je la pousse mieux en course à pieds, qu’en kayak.

Les Secrets du Kayak : Pourquoi ne pas remplacer la PPG par des séances d’ergomètre ?

Julien Carbier : On en faisait un peu, mais je pense comme d’autres que ce n’est pas la même chose le kayak et l’ergomètre.

Je pense que si les séances sur ergomètre sont bien faites, il n’y a pas de risque de perturber le geste du kayak une fois sur l’eau. Ça peut même devenir intéressant.

Je le vois avec les jeunes, leur posture est plus efficace sur l’ergomètre. C’est lié à la stabilité. Si on arrive ensuite à transférer ce déblocage sur le bateau, ils auront débloquer cette difficulté grâce à la machine à pagayer.

J’ai déjà pratiqué des machines à pagayer avec un plateau instable et j’ai testé une machine hongroise, la Old Danube.

Les Secrets du Kayak : A Mulhouse, tu arrives à te hisser dans les meilleurs français de ta catégorie ?

Julien Carbier : Je n’ai jamais été champion de France, sauf en K2 avec Guillaume, en junior. Je n’étais pas loin des équipes de France. Il me manquait un petit quelque chose.

Je pense que le manque d’encadrement à mes débuts a créé des retards sur ma technique, et des axes à développer. Je pense que la génétique joue aussi, et je pense ne pas être génétiquement fait pour le kayak.

Les Secrets du Kayak : J’ai lu sur le site de l’ICF, les manuels pour coach de niveau 1,2 et 3. Ils y donnent les caractéristiques un peu physique du kayakiste de haut niveau. Est-ce que tu as déjà pris tes mesures pour les comparer à ces références ?

Julien Carbier : Oui, et je suis en dessous des critères. Et justement ces critères, je les utilise tous les jours à l’entraînement. Dans le même livre, il y a les tests physiques, avec par exemple à chaque âge le nombre de pompes qu’un jeune doit pouvoir faire.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu constates que ceux qui ont de très longs bras et un très long buste sont avantagés ?

Julien Carbier : Oui ça aide beaucoup.  Aucune personne ne faisait moins 1,82m d’envergure à la finale des JO en K4 en 2012. Il existe bien un lien.

Les Secrets du Kayak : Du coup, ça se passe comment après ces deux ans à Mulhouse ? Ne faisant pas partie des meilleurs français, tu ne peux pas entrer en pôle France ?

Julien Carbier : J’aurais pu entrer en tant que partenaire d’entraînement, mais en fait j’ai vu sur Facebook qu’il y avait un groupe d’entraînement en Afrique du Sud. Le coach me plaisait. Je lui ai écris savoir si je pouvais les rejoindre, ils ont accepté. Je suivais son travail sur Facebook, je l’appréciais beaucoup.

Donc à 17 ans je pars, le kayak y est considéré comme un sport professionnel là-bas. Tu peux gagner de l’argent avec des courses. Tu peux en vivre.

J’ai intégré un groupe avec des personnes qui se sont fait connaître depuis. J’intègre l’équipe de compétition dès que j’arrive. J’ai toujours réussi à les tenir à l’entraînement.

Le club était sponsorisé par des entreprises, le coach m’a hébergé. Je lui refilais une partie des primes quand je gagnais. Je faisais beaucoup de course en K2 avec des rapides et des gros portages. Ce type de format de course longue me correspondait mieux.

En terme d’entraînement, le volume est énorme par rapport en France. On a jamais fait une séance de moins de 15km. On faisait jusqu’à 150-200 km par semaine.

A chaque entraînement, c’était la compétition entre nous. Très peu se concentrent sur la technique, leur objectif c’est d’aller vite. Le travail se fait à la vitesse, 4’40 au 1000m.

Les Secrets du Kayak : En ce moment l’eau est froide chez nous, on sent que l’eau est dure, pour aller à la même vitesse il faut tout donner. Est-ce que là-bas l’eau est toujours quasiment à la même température hiver comme été ?

Julien Carbier : La plupart du temps, il y fait chaud. Il arrive que pendant un mois l’eau soit entre 0°C et 5°C. On s’entraîne souvent à 40°C à raison de cinq demies-journées de travail pour une demie-journée de récupération. En Hongrie, c’est pareil.

Les Secrets du Kayak : En terme de musculation, il y a autant de PPG qu’en France ?

Julien Carbier : On commençait tous les matins par une séance de PPG à 5h du matin. On faisait musculation trois fois par semaine, c’était pas mal du cross-fit. Il y avait des équipes qui n’en faisait pas. On faisait deux courses à pieds par semaine.

En France, on faisait de la force endurance. Là-bas c’était de la musculation cardio, il faut toujours être meilleur que les autres.

Les Secrets du Kayak : C’est facile de partir là-bas et de se lancer sur place ?

Julien Carbier : Le kayak y est génial, mais la vie y est très dure. Au niveau de la sécurité au quotidien, ce n’est pas du tout ça. C’est la raison pour laquelle je n’y suis resté que deux ans.

Beaucoup du groupe sont partis à l’étranger, beaucoup sont en Australie ou en Angleterre. On a une hongroise qui nous a rejoint dans le groupe et c’est grâce à elle et un contact que j’ai pu m’entraîner là-bas par la suite.

Les Secrets du Kayak : Tu connaissais le coach en Hongrie avant d’y aller ?

Julien Carbier : Non je ne le connaissais pas. C’est le club qui m’a trouvé un appartement. Je lui avais seulement parlé sur messenger.

En Hongrie, je n’étais pas payé mais la vie n’y était pas chère. J’avais ma bourse d’étudiant. J’ai fait une année de préparation en hongrois, ce qui m’a permis d’entrer en université l’année suivante.

Les Secrets du Kayak : Quelles sont les différences que tu as pu constater en terme d’entraînement entre l’Afrique du Sud et la Hongrie ?

Julien Carbier : En Hongrie, on travaille beaucoup plus la cadence basse, la technique, la musculation.

Ce n’est pas autant la compétition pendant les entraînements. On s’entraînait sérieusement. La cadence était un peu plus faible, mais ils gagnaient les courses aux championnats du Monde.

On travaillait avec la cadence et le cardio fréquence mètre. Une cadence basse c’est 60-65.

En Hongrie, on s’entraînait deux fois par jour, on ne faisait qu’une seule séance longue de 25km par semaine.

En terme de musculation, c’était plus poussé. Chaque séance se finissait par des séries de tractions et de pompes. C’était des séances de 1h30-2h tous les jours. Je faisais le haut comme les jambes. On faisait beaucoup de course à pieds, et des chronos aussi. On avait une vraie planif de course à pieds.

Les Secrets du Kayak : Tu as été recruté comme partenaire de luxe en fait ?

Julien Carbier : Oui la première année j’étais partenaire pour les filles, je leur donnais ma vague pour l’Eb1, et les longues séances, et pour les pousser au sprint.

Prendre la vague, il ne faut pas le faire tout le temps, essentiellement sur les EB1 pour la physiologie c’est intéressant.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qui t’a manqué pour atteindre le meilleur niveau français pour aller à l’international ?

Julien Carbier : La technique, mais aussi de la génétique. J’ai l’impression que ça joue beaucoup. De voir les jeunes s’entraîner en Hongrie, j’ai constaté l’importance de commencer jeune. Tu pourras être bon, mais pour être dans les meilleurs il faut commencer tôt.

Les Secrets du Kayak : C’est ce que j’ai constaté au travers des podcasts que je fais. Tous les meilleurs ont commencé très tôt. Si tu ne commences pas tôt, il y a des choses qui ne s’acquièrent pas.

Julien Carbier : En fait, en Hongrie tu ne peux pas t’inscrire au club si tu as plus de treize ans. Tu as une barrière d’âge.

Dans les écoles il y a des détections, pour envoyer les enfants dans les sports pour lesquels ils ont été détectés. Et tous les ans, les jeunes sont testés.

Les Secrets du Kayak : En France, il y a l’idée de la multi pluridisciplinarités dans le kayak. Est-ce que ça existe en Hongrie ?

Julien Carbier : Non pas du tout, ils montent directement dans un bateau de course en ligne. Personne n’a jamais fait de slalom ou de descente ou de canoë la seule chose qu’ils pourraient faire c’est du marathon.

Chez les jeunes, il y a des séances d’éducatifs. Et mon groupe ne montait pas de décembre à janvier sur l’eau. On faisait pas mal de stage à l’étranger. Maintenant, il y a la Turquie qui propose des stages.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce que tu as étudié à l’université ?

Julien Carbier : J’ai fait des études pour devenir entraîneur de kayak. La fédération fait des diplômes, et j’ai fait la fac de sport. Donc entre six mois et un an tu peux devenir prof de kayak en Hongrie. C’est un diplôme international.

Pour résumer, ça a confirmé beaucoup de chose que j’avais constaté. J’ai surtout étudié la technique et l’approche pour travailler avec un débutant. Ça m’a inspiré pour travailler avec les jeunes.

Et là avec covid, je suis rentré à la fin du deuxième confinement en France. On pouvait toujours s’entraîner là-bas mais il n’y avait plus de compétitions. Donc, je n’avais plus d’objectif pour rester en Hongrie.

J’avais de très bons coéquipiers de K4. Je ne faisais pas de mono en Hongrie.

Et c’est difficile de devenir entraîneur en Hongrie, il y a déjà beaucoup de monde. Et les salaires ne sont pas les mêmes. Donc le but, c’est d’être entraîneur en France.

Quand je suis rentré j’ai fait un BPJEPS, et là j’ai fait un stage au pôle France de Vaires-sur-Marne. Et je peux apprendre auprès des entraîneurs nationaux.

Il y a des différences dans la notion d’entraînement avec la Hongrie. Ici il y a plus un travail sur la technique. En Hongrie c’est considéré comme acquis dès l’âge d’être en cadet. Ce n’est pas forcément non plus une bonne chose que de ne pas continuer d’être encadré en technique.

Donc, j’encadre les 13-17 ans. Le but, c’est de leur éviter des retards.

Je me concentre à fond sur leur encadrement, donc je ne monte qu’une à deux fois par semaine sur l’eau. Moi de toute façon c’était la compétition qui me motivait à monter sur l’eau. Ça ne me manque pas beaucoup.

Les Secrets du Kayak : As-tu remarqué des différences sur la planification de l’entraînement, est-ce que tu gardes un schéma classique avec le foncier l’hiver, ou tu fais autrement ?

Julien Carbier : Moi je réfléchis essentiellement pour les jeunes. L’aérobie, c’est la base. Pour les kayaks aux JO il y a du 500m et du 1000m donc cette part là est très importante.

Travailler la technique sur l’EB1 est prioritaire. La vitesse, on va la travailler sur d’autres activités. Sur l’eau, on met en place des éducatifs, pas mal d’équipage pour leur coordination et leur adaptation à diverses situations. On fait aussi pas mal de proprio.

Les Secrets du Kayak : En fonction de ton expérience, qu’est-ce que tu préconises aux jeunes ? Plutôt de la confrontation ou non ?

Julien Carbier : Je fais comme les hongrois, je différencie les séances. Parfois je leur fais faire de la confrontation, et du coup je les rassemble par athlètes de plus ou moins même niveau. Sinon je leur fais faire de la technique sur de l’aérobie. Il faut faire la part des choses.

Les Secrets du Kayak : J’ai lu pas mal de livres de l’ICF. Est-ce que tu as d’autres livres à recommander ?

Julien Carbier : Ils sont essentiellement en hongrois. Regarde dans les livres de l’ICF du congrès de 2013. Le sujet est l’analyse les courses de kayaks dames.

Pour les jeunes, je m’appuie vraiment sur l’ICF pour me documenter.

Les Secrets du Kayak : Il y avait-il d’autres sujets que tu voulais aborder ?

Julien Carbier : Je trouve que tes podcasts sont enrichissants. Tout comme la démarche de s’intéresser aux jeunes.

Les Secrets du Kayak : C’est la question de se dire, comment on entraîne un jeune. Tu as la pyramide du développement des qualités physiques en fonction de l’âge qui existent. Moi venant de la musculation, je parle beaucoup des antécédents sportifs pour déterminer le potentiel de développement futur. Et on voit bien que plus tu démarres tôt mieux c’est. Mais tout en suivant quelques bases. Et pour moi les hongrois, eux, sont dans l’hyper spécialisation de la course en ligne, avec ses avantages et ses inconvénients. Moi qui suis débutant, le sujet de l’entraînement des jeunes m’intéresse beaucoup. Il y a des étapes par lesquelles je dois passer, j’ai du travail.

Julien Carbier : Mais tu viens du milieu du sport et tu ne pars pas de zéro.

Les Secrets du Kayak : Oui, je viens de la musculation, j’ai commencé à 14 ans. C’est tout l’inverse du kayak. Tu gaines tout, tu fixes tout. Donc oui je peux bloquer un bateau à l’arrêt, mais dès lors qu’il faut dissocier les mouvements, la coordination est extrêmement difficile.

Julien Carbier : Est-ce que toi du coup, ça te parait logique de faire de la musculation pour tout gainer, dans un sport où il y a besoin de relâchement ?

Les Secrets du Kayak : Je dirais ça dépend de l’âge. Le problème est qu’on est le reflet de nos habitudes. Si tu t’entraînes à haut niveau, ça peut avoir un intérêt. Mais le premier intérêt de la musculation, c’est de combler les déséquilibres que la pratique va induire, comme par exemple celui de l’épaule. C’est seulement dans un deuxième temps que le but est de te renforcer physiquement. Ce n’est pas parce que tu es plus fort au tirage planche que tu vas aller plus vite sur l’eau. Ça a du sens mais pas à l’extrême. Je comprends cette boulimie d’entraînement. Je pense qu’il y a des séances qui devraient être faites pour autre chose. Il faut faire les choses qui vont aider à ne pas te blesser. Dans un deuxième temps, développer la force. Mais pas tous les jours pour le kayak. Et puis, il y a la pratique du bon mouvement !

Julien Carbier : Les hongrois qui s’entraînent tous les jours en musculation font essentiellement que de la force endurance. Il y a juste un petit cycle de force pure en janvier.

Les Secrets du Kayak : Pour répondre à ta question, il faut avoir un point de vue de entraînement global, avec l’objectif à atteindre. Il faut le voir comme un plus, et pas comme l’activité qui va te faire aller plus vite.

Vous pouvez retrouver Julien Carbier sur son compte Instagram.

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