Interview : Bruno Dazeur

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Bruno Dazeur en décembre 2022.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Bruno Dazeur : Ça va bien merci.

Les Secrets du Kayak : Tu es retraité depuis peu, comment occupes-tu tes journées maintenant ?

Bruno Dazeur : Ça fait deux ans que je suis à la retraite, je bricole dans ma maison. L’année dernière je suivais encore Quentin, mon fils, qui faisait du C2 mais comme il vient d’arrêter le haut niveau j’entame ma deuxième retraite.

Les Secrets du Kayak : Comment as tu découvert le kayak ?

Bruno Dazeur : A Cambrai dans le Nord de la France. On aimait bien l’eau, on nous a mis au kayak et ça nous a plu. J’avais 9-10 ans. Avant ça, j’avais fait de la natation et un peu de gym. Pas de sport en club mais avec mon père on bougeait énormément, nous n’étions pas sédentaires.

Initialement Cambrai, c’était un club de descendeurs. Je suis resté jusqu’en 1975 où j’ai fait les championnats de France de Bourg-Saint-Maurice. En biplace descente et slalom. On a dé-salé, on les a vécu en baignade. On était tout de même reconnu, on était à la base parti gagner les championnats de France.

Les Secrets du Kayak : Tu as aussi bien appris en descente le kayak que le canoë ?

Bruno Dazeur : Comme on a que 13 mois d’écart avec mon frère, on nous a de suite mis dans un canoë biplace. Pendant des dizaines d’années, je n’ai appris à pagayer que d’un côté. Ce n’est qu’en arrivant à Strasbourg que j’ai commencé à changer de côté. Et je ne faisais pas de kayak. Il a fallu que j’apprenne à faire du kayak pour devenir moniteur.

Les Secrets du Kayak : Est-ce ce que tu as aussi fait du C1 en compétition ?

Bruno Dazeur : Jusqu’à cadet, je n’ai fait que du biplace, ensuite je suis parti cinq ans dans l’armée de terre. Quand j’ai arrêté l’armée, je me suis retrouvé à Strasbourg en 1981, et j’ai commencé à faire du K1.

Les Secrets du Kayak : De ce que j’ai cru comprendre tu as été une force pour le club de Strasbourg. C’est un peu toi qui l’a créé ?

Bruno Dazeur : Au début, je prenais des RTT les mercredi après-midi pour encadrer sur le club, j’ai commencé à dynamiser le club. Les gars s’entraînaient chacun de leur côté.

Ensuite, je faisais du C1 puis du C2. J’étais un fou de l’entraînement, mes partenaires ont eu du mal à me suivre. Je voulais faire un équipage mixte. On a fait du slalom, de la descente, et on a arrêté dans les années 1987 quand le club Strasbourg eau-vive s’est créé.

J’ai passé un Brevet d’état, je l’ai fait en deux ans. Ensuite le club a été rasé mais transféré sur un autre secteur, on y a créé un grand club. Le projet était de prendre un permanent à temps complet. J’avais trente ans, j’ai dit oui. C’était en auto financement. Il m’a fallu prospecter dans les écoles.

J’étais en concurrence avec le département jeunesse et sport, car eux c’était gratuit. Moi je leur demandais 10 fr la séance. Par mon sérieux et la mise en place de séances plus ludiques que les leurs, j’ai commencé à attirer beaucoup de secondaires. Le primaire c’était surtout sur le mois de juin, progressivement on ne s’est orienté que sur le primaire, financièrement c’était plus rentable.

Les écoles venaient faire des stages d’une semaine. Aujourd’hui, il y a quatre BE sur la base. On refuse un quart des demandes en animation scolaire. Sachant qu’à Strasbourg, il y a deux clubs qui font du scolaire.

Les Secrets du Kayak : Tu te voyais devenir entraîneur au début ou pas du tout ?

Bruno Dazeur : Au début, quand je suis sorti de l’armée je me suis débrouillé. J’avais tous les permis, j’ai fait un boulot de poids lourds pour livrer. Ça me permettait d’avoir pas mal de temps. Je gérais mon temps pour pouvoir m’entraîner.

Quand je suis revenu de l’armée, j’ai repris doucement la compétition. Mais ce que je faisais à l’époque en comparaison à ce que je demande aux jeunes de faire, il y a un monde. A cette époque, on se débrouillait tout seul pour apprendre. J’ai repris d’abord en C1 puis C2 et C2 mixte. Quand j’ai eu mon poste sur Strasbourg, je tractais surtout les gamins. Je cherchais la performance pour les autres.

Les Secrets du Kayak : Au début, quand le club de Strasbourg s’est créé, c’était uniquement de la descente et du slalom ?

Bruno Dazeur : Oui, pas de course en ligne. Le premier que j’ai amené en course en ligne, c’était Babâk. Lui tout petit, il faisait surtout de la course en ligne. Il en faisait parce qu’à l’époque il y avait du CAPS. Et une base départementale avec des bateaux de course en ligne, qu’il fallait remettre en état. On a vu rapidement qu’il performait en course en ligne tout comme en descente. A la suite de son titre de champion du monde junior en descente, il a décidé de faire de la course en ligne, et d’aller à l’INSEP.

Moi, je n’était pas du tout course en ligne.

Les Secrets du Kayak : Comment tu as fait pour faire performer Bâbak en course en ligne si tu n’en faisais pas ?

Bruno Dazeur : Moi personnellement je n’aimais pas la pratique, ni l’ambiance. En revanche, je suis un fervent défenseur de la polyvalence. Mes gamins ils savaient faire du slalom, de la descente et de la course en ligne. Cette polyvalence est une obligation pour savoir performer. Faire de l’eau-vive, ce n’était pas facile d’apprendre la pratique en hiver aux enfants. On se heurtait à des problèmes financiers également.

Bâbak était donc parti sur Paris en senior pour apprendre la course en ligne. Il ne l’a pas eu facile. On lui reprochait de mal pagayer. La course en ligne et l’eau-vive, ce n’est pas la même technique. Mais la force du descendeur, c’est savoir s’adapter à n’importe quelle situation.

Les Secrets du Kayak : Les descendeurs, je trouve, ont un certain mental pour l’entraînement. Ils sont capable de se mettre des cartouches à chaque fois. Ils ont vraiment l’envie de s’entraîner fortement. Parfois ils en faisaient de trop. Est-ce que tu as aussi remarqué ce genre d’attitude de leur part ?

Bruno Dazeur : J’ai toujours essayé de former des athlètes pour qu’ils soient autonomes. Pas toujours à attendre les instructions ou les conseils de l’entraîneur. Je voulais qu’ils soient auto-critique d’eux-même. Je ne les voyais pas forcément au quotidien. Certains, je ne les voyais que lors des courses, dont Quentin.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a une technique à avoir, ou bien est-ce individuel selon toi ?

Bruno Dazeur : Il faut une base, après chaque athlète a son coup de pagaie. Tout dépend de quelle façon ils vont transmettre la puissance du coup de pagaie dans l’avancement du bateau. Certains pagaient verticalement, d’autres sont un peu plus à l’oblique. Par rapport à la morphologie de la personne, on adapte le coup de pagaie à lui.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as aussi entraîné en kayak de descente ?

Bruno Dazeur : Oui. Quand les pagaies creuses sont sorties, j’en ai acheté une pour comprendre le coup de pagaie et pouvoir l’enseigner. J’ai vite trouvé l’équilibre. Je ne faisais pas de course, je cherchais juste à comprendre le mouvement. A force d’aller chercher les infos auprès des entraîneurs et des différents athlètes de haut niveau, tu arrives à comprendre.

C’est ce que j’ai essayé d’enseigner à mes athlètes. Discuter, se renseigner, le discours, le fond sera toujours le même, mais parfois la solution peut être expliquée différemment, et donc sera mieux comprise.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu sais me définir ce qu’est « naviguer » ?

Bruno Dazeur : C’est comprendre la rivière, c’est naviguer avec la rivière. Pas pagayer tout le temps à la même allure. C’est se caler sur le tempo de la rivière. C’est développer des aptitudes par rapport au type de rivière, par rapport à la force de l’eau, s’il y a beaucoup de cailloux... C’est savoir s’adapter rapidement aux différents reliefs de la rivière.

Les Secrets du Kayak : Le développement du club de Strasbourg s’est fait progressivement, ou bien il a explosé d’un coup ?

Bruno Dazeur : Au début j’étais jeune, j’avais trois-quatre classes. Puis j’ai travaillé avec des instituteurs qui sont ensuite devenus des employés de l’inspection académique. Donc ça m’a beaucoup aidé. Ils ont aussi fait un peu de pub pour notre club. Ça a amené pas mal de monde. Par rapport à la demande et le travail fourni, il a vite fallu avoir un deuxième cadre.

La course en ligne est ensuite arrivée au club il a donc fallu un cadre supplémentaire. On est monté progressivement à quatre-cinq cadres à une période. Plus de 50% des salaires était financé par les animations scolaires. On est passé de 80 à 120 adhérents. Aujourd’hui, on est à 200 adhérents qui pratiquent. Chaque semaine, tu as 80-100 gamins dès le mois d’avril et cela toutes les semaines.

Les Secrets du Kayak : De ce que je comprends l’entraînement en descente se fait beaucoup sur le plat ? Comment ça s’organise ?

Bruno Dazeur : La base de l’entraînement reste la même. Ce qui est important, c’est de développer les différentes aptitudes. Je veux qu’ils soient capable de faire une accélération entre cinq et dix secondes très rapide sur un bloc de cinq minutes par exemple. Et ensuite revenir sur leur cadence tout en restant un peu puissant pour garder la survitesse générée. Il existe aussi des séries sur des appuis longs des appuis courts.

Des parcours avec des bouées pour leur demander un exercice spécifique comme déplacer la bouée avec l’avant du bateau, ce qui demandait de l’adresse sur la technique. En eau-vive sur le travail des vagues, il y a des aptitudes qui ont été développées. A Strasbourg, quand les bateaux mouches circulaient, ça créait certaines ondes de vagues à maîtriser. Sur ma dernière expérience, j’avais trois filles cadettes, elles commençaient de zéro et on a adapté les aptitudes du descendeur sur du plat et ça s’est très vite retransmis quand elles sont arrivées en rivière. C’étaient des guerrières qui cherchaient à comprendre pourquoi elles avaient pris des gamelles.

Les Secrets du Kayak : J’ai l’impression qu’à chaque séance ou presque, tu as mêlé la technique à la physiologie ? Mais à toujours les mélanger, les qualités physio ne s’en retrouvent-elles pas moins développées ?

Bruno Dazeur : Quand tu fais une course, tu es bien obligé de savoir mêler les deux. Non, ce n’est pas certain. Si les gamins sont habitués à cela, non. A une époque, les gars s’entraînaient avec des cardio qu’ils venaient vider sur un pc. Avec le logiciel Polar, je pouvais suivre ce qu’ils faisaient, savoir s’ils respectaient les consignes de seuil et de repos. S’ils n’y arrivaient pas, on descendait un peu le seuil théorique et ainsi de suite. La récupération de la puissance aérobie, c’était la valeur sur une capacité aérobie.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des séances dites plus cool ?

Bruno Dazeur : Oui, il y en avait. Il faut au moins 48h de récupération pour une puissance aérobie. Quand tu vois que les gars sont fatigués, avec aussi les paramètres de leur vie extérieure, tu modifies pour permettre des regénérations. Ce n’est pas la quantité de ton entraînement qui va faire que tu vas être fort, c’est sa qualité.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as été entraîneur national à un moment en descente ?

Bruno Dazeur : Non. J'ai amené deux fois les juniors, sur les mondiaux et les Europe. Et ensuite, je faisais partie de l’équipe de soutien en descente pour les seniors. Je l’ai fait une dizaine d’années. Ça m’a permis de progresser techniquement, pour amener les gens en rivière en haut niveau.

Les Secrets du Kayak : Comment tu as fait pour progresser ?

Bruno Dazeur : Tu observes, tu discutes avec les entraîneurs, tu apprends. J’ai aussi été arbitre international, ça m’a permis d’avoir une autre vision sur l’athlète et le management de l’équipe. Moi j’aimais bien d’avoir des gamins poussins, benjamins et de les amener au haut niveau. J’ai une méthode d’entraînement empirique, être entraîneur national ça n’aurait pas fonctionné.

Les Secrets du Kayak : L’empirisme marche souvent mieux que le science, non ?

Bruno Dazeur : Tout à fait, mais il faut savoir l’amener. Ce n’est pas être un dictateur, mais les gamins quand tu les avais eu jeunes, derrière ça ne discute pas. Ils savent que c’est comme cela. Tu crées un certain charisme autour de toi qui fait que ça marche. Il y a des athlètes pour lesquels je suis leur deuxième père. Le club était comme un cocon familial sain. Et le gros avantage, c’est que j’habitais sur la base.

Les Secrets du Kayak : En hiver, lorsqu’il fait nuit, on navigue aussi à Strasbourg ?

Bruno Dazeur : A l’époque oui, maintenant non il y a des interdictions. Mais on naviguait sur d’autres secteurs de nuit. On y allait avec une frontale, mais tu avais aussi l’éclairage de la ville. Tout ce que je leur demandais c’était de pagayer au moins une fois dans la semaine pour ne pas perdre le contact de l’eau. Les machines à pagayer n’existaient pas. Souvent au mois de mars après l’hiver, ils avaient un peu de mal. Et le fait de naviguer de temps en temps, le corps est habitué, tu souffres moins lors de la reprise des courses, et donc tu es plus performant. Le froid te fait perdre des pourcentages d’efficacité.

Les Secrets du Kayak : Tu es donc contre les coupures de l’hiver ? Certains coupent pour le ski de fond par exemple.

Bruno Dazeur : On en fait du ski de fond, mais il faut une séance de bateau minimum. C’est sur que par -10° C ou -15 °C les plans d’eau sont gelés, tu ne peux pas te déplacer en bateau. Mais dès que tu le peux, tu montes en bateau. Mais moi par rapport à d’autres, je fais très peu de musculation.

Les Secrets du Kayak : Pour les activités annexes, est-ce que le ski de fond aide pour la pratique du kayak ? Quid de la musculation et du footing ?

Bruno Dazeur : Pour moi, le ski est le meilleur sport aérobie. La plupart des gamins qu’on forme on leur apprend. Les meilleurs athlètes qu’on a eu en kayak étaient des avions en ski de fond.

Les Secrets du Kayak : Pendant une époque c’était surtout la course à pieds qui était à la mode ? Je vois qu’en ce moment c’est beaucoup le vélo, et le ski de fond. Est-ce que tu utilises quand même la course à pieds ?

Bruno Dazeur : Bien sur, il faut du footing, un peu de musculation aussi. Il ne vont pas en faire beaucoup, ils vont faire beaucoup de gainage mais pas beaucoup de musculation. Ça dépend aussi de la morphologie du gamin. Certains gamins ont été cassé à trop faire du musculation et de course en ligne pour performer, alors que l’année d’avant, avec moi, en descente c’était des bêtes.

Les Secrets du Kayak : La recherche de la performance en musculation à tout prix, avec des techniques qui laissent des fois à désirer, je pense que ça n’a aucun sens et c’est souvent de l’énergie gâchée. Avec Quentin Bonnetain, on se posait la question à savoir est-ce qu’il y a besoin de faire 140 kg au développer couché pour performer ?

Bruno Dazeur : Ça ne sert à rien puisqu’en kayak, tu propulses ton poids. C’est plus utile de faire de la force endurance, pour la résistance. Quentin, mon fils, faisait très peu de musculation, mais du gainage. Et ça ne l’a pas empêché de performer, mais c’est sa morphologie. Il était déjà bien charpenté. Il n’avait pas besoin d’en développer plus. Si tu fais trop de musculation, ça peut influencer sur ta gestuelle.

Les Secrets du Kayak : Au niveau des blessures. Est-ce qu’il y a des blessures récurrentes ?

Bruno Dazeur : Je n’ai pas eu beaucoup de blessures. Sur la fin, j’ai eu une fille qui s’est fait une luxation de l’épaule sur un esquimautage à l’entraînement. Mais il n’y a jamais eu beaucoup d’accidents. On a eu une fille qui s’est empalée sur un pieu en course, elle a été héliportée, une autre a suivi et a eu de grosses contusions. Sur 33 ans de métier, je n’ai pas eu de blessures de type musculaire.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce que tu penses de la place de tout ce qui est l’alimentation, kiné, ostéopathie…? Est-ce que tu as un retour d’expérience là-dessus ?

Bruno Dazeur : A une époque, j’ai fait un peu de sophrologie. C’était pas mal. Avec les stages équipe, faire de la relaxation ça aide sur la récupération, sur la visualisation de la performance. C’est dommage que je ne l’ai pas plus approfondie. Mais ça coûte beaucoup d’argent.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu sensibilisais tes athlètes sur l’alimentation pour performer ?

Bruno Dazeur : Oui. Lors des stages, on cuisinait nous même. Il y avait de tout. On a même suivi les conseil du livre Manger pour Gagner. Les petits déjeuner fonctionnaient bien. On ne suivait pas à la lettre tout le régime, mais les athlètes avaient la pêche. Mais tu passais un temps fou à cuisiner, donc à force j’ai du arrêter. C’est moi qui faisait tout. Ils étaient bichonnés. Ensuite, j’ai eu de l’aide. On a toujours gardé une alimentation saine pour les gars. C’était beaucoup de frais.

Les Secrets du Kayak : En 2005, tu as sorti un livre coécrit, le canoë-kayak : Découverte, apprentissage et perfectionnement. Qu’est-ce qu’on retrouve dans ce livre ?

Bruno Dazeur : Le livre, c’était un prof STAPS à Strasbourg qui l’a écrit. Moi j’ai fait des corrections et j’ai donné des orientations. Je n’ai pas écrit le livre. En gros c’est un assemblage d’informations, de choses déjà écrites.

Les Secrets du Kayak : Il y a très peu de ressources sur le kayak, d’où la création de mon podcast. Maintenant que tu es à la retraite, est-ce un projet pour toi que d’écrire un livre sur le sujet ?

Bruno Dazeur : Ah non. Je ne suis pas écrivain. Rien que de rédiger sur les réseaux sociaux des articles, c’est une corvée pour moi. Je parle beaucoup, mais écrire ce n’est pas mon truc.

Les Secrets du Kayak : Tu as encore l’air en forme, pourquoi avoir pris ta retraite ?

Bruno Dazeur : Moi, c’était un métier passion. J’ai eu une femme très compréhensive. Je n’étais jamais à la maison, c’est elle qui s’est occupé des enfants. J’étais toujours sur l’eau ou sur les courses. Ça nous a amené une belle récompense avec Quentin.

J’ai pris ma retraite à 62 ans. J’ai eu un cancer des poumons à 60 ans, du foie et dans les os. Maintenant je suis toujours en traitement pour les poumons essentiellement. Je n’ai que très très peu fumé. Je ne bois pas mais c’est issu de la pollution. J’aurais pu partir à 60 ans, mais les médecins m’ont dit que c’était important de continuer de travailler. J’ai eu un mi-temps thérapeutique pour ne pas m’épuiser. Ce qui m’a permis de décrocher, c’est le Covid. C’était une aubaine pour ne pas culpabiliser de prendre ma retraite.

Je me déplace toujours sur les championnats de France, et des gamins me demandent des retours techniques. Ce que je leur fais.

Les Secrets du Kayak : En gros, tu es encore là !

Bruno Dazeur : Oui parce que j’ai toujours cette passion que de transmettre mon savoir. Tant que je peux leur amener quelque chose, je suis content. Mes dernières filles, je savais que je ne les emmènerais pas en haut niveau, parce que c’était des têtes et elles le prouvent aujourd’hui. J’ai beaucoup discuté avec les parents, et en réalité grâce à la discipline du kayak elles arrivent à se concentrer, mieux se préparer et mieux appréhender leurs échéances. Ça me fait vibrer de savoir ça.

Par le kayak, on a réussi à créer autre chose.

Vous pouvez retrouver Bruno Dazeur sur sa page Facebook.

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