Tout sur la morphologie en kayak

Comment la morphologie en kayak influence-t-elle la performance ?

Venant du monde de la musculation, cela faisait presque une décennie que nous nous intéressons a la morpho-anatomie, c’est à dire à l’étude des longueurs osseuses et musculaires et leurs impacts dans le développement musculaire mais aussi l’expression de la force.

Alors, à l’instar d’autres activités, existe-t-il une morphologie idéale pour performer en kayak ?

Et si, on n’a pas ces prédispositions, est-ce pour autant foutu pour atteindre le plus haut niveau ?

C’est là tous le sujet de cet article qui traitera exclusivement de la meilleure morphologie en kayak et de non de celle pour le canoe.

1 - Qu’est ce que la morphologie en Kayak ?

La morphologie que l’on peut apparenter aux morphotypes et/ou somatotypes a été défini dans les années 40 par William Sheldon, un psychologue américain.

Il a ainsi classé les individus selon 3 morphotypes différents :

1 - L’ectomorphe qui serait une personne avec des os fins de bases, qui aurait toute les difficultés à grossir, notamment musculairement et qui serait plutôt faite pour les sports “d’endurance”.

2 - Le mésomorphe qui serait faite pour le sport, musclé de base, fort et avec des “difficultés” à prendre du gras. Ce serait la bonne morphologie en kayak.

3 - L’endomorphe qui aurait des gros os mais qui aurait surtout une tendance à l’embonpoint, plutôt molle de base, amorphe physiquement.

Mais selon Sheldon, ces particularités physiques seraient associés à des particularités psychologiques.

Ainsi, l’ectomorphe serait très nerveux, introverti et sensible tandis que l’endomorphe serait l’exemple type du “bon vivant”. Quant au mésomorphe, il aurait encore une fois toutes les qualités en étant courageux, entreprenant, dynamique…

Pendant longtemps, ces morphotypes ont été mal compris par soucis de simplification puisqu’initialement, ce psychologue américain avait bien précisé que nous étions un “mélange” à divers degrés de ces trois classifications.

En fait, Sheldon assignait un code à trois chiffres afin de mesurer “l’intensité” des trois morphotypes partant du principe que le physique que l’on avait, était inné.

Or, de nombreuses personnes se sont attribuées être ci ou ca, se sont catégorisées pour expliquer leurs manques de progrès, pour être fatalistes et ne pas faire d’efforts puisque “c’était peine perdue”.

Bien évidemment, il se trompait puisque nous étions encore au tout début de la culture physique avec des pionniers comme Bob Hoffman.

2 - Les bases de la morpho-anatomie

Au début des années 2000, alors que nous n’étions que très peu à pratiquer la musculation sur le net, sous l’impulsion de Michael Gundill, auteur de nombreux livres de musculation très intéressant, nous analysions le physique des champions de bodybuilding.

Nous entrainions nos yeux à voir l’imperceptible.

C’est ainsi qu’est née la morpho-anatomie, c’est à dire l’analyse des longueurs osseuses et musculaires qui expliquent de nombreuses choses en terme de potentiel.

Il en était fini des morphotypes de Sheldon puisque l’on pouvait être “fait” pour tirer mais pas pousser, pour développer des gros biceps mais pas pour avoir des gros triceps…

Concrètement, dans l’analyse morpho-anatomique que j’ai codifiée dans la Méthode SuperPhysique pour apprendre à faire son analyse, nous regardons les longueurs osseuses suivantes :

  • La longueur du cou

  • La longueur des clavicules

  • La longueur des côtes

  • La longueur des bras et plus particulièrement le ratio bras / avant-bras

  • Le ratio longueur du buste / longueur du bas du corps

  • La largeur des hanches

  • La longueur du fémur, notamment par rapport au tibia

Mais aussi toutes les particularités anatomiques qui peuvent être existées comme les valgus, les varum… qui vont impliquer certaines modifications dans l’entraînement.

Cela va déterminer des facilités à s’exprimer sur certains exercices.

Par exemple, si j’ai des côtes très longues, une grosse cage thoracique et en même temps des bras relativement courts (qui font moins que mon envergure), je vais pouvoir soulever lourd plus facilement au développé couché.

Cela ne veut pas dire que je serais plus fort que quelqu’un avec les bras plus longs mais que j’aurais plus de facilités, si l’on ne tient compte que de la morpho-anatomie, à soulever le même poids et donc forcément à mettre plus lourd sans produire plus de force.

Il faut bien distinguer l’expression de la force de la production de force qui sont deux choses différentes.

Pour quoi suis-je fait si j’ai les bras longs ?

Photo issue de mon livre “Le Guide de la Musculation au Naturel

A l’inverse, si les bras très longs, que mon envergure dépasse ma taille de 15 centimètres, j’ai toutes les chances d’avoir des difficultés à soulever lourd sur les exercices de développés.

Mais l’analyse osseuse ne suffit pas car chaque muscle a son propre potentiel.

Il est assez facile de comprendre que plus un muscle est long, plus celui-ci a du potentiel pour se développer.

A l’inverse, plus il est court et plus j’ai du “tendon” qui a d’autres propriétés mécaniques qui peuvent être intéressantes, notamment pour rebondir comme en sprint (Regardez les mollets de la plupart des finalistes du 100 m en athlétisme, ils sont souvent très courts avec un long tendon).

Ainsi, on va regarder la longueur de chaque muscle.

Comme la nature est bien faite, lorsque l’on a un muscle court, les muscles agonistes qui participent aux mêmes mouvement sont longs.

Par exemple, si j’ai les biceps courts (un long espace entre mon biceps et mon avant-bras en position contractées), mon brachial antérieur et mon brachio-radial vont compenser en étant long.

Souvent, cela n’est pas gênant sauf dans le cas où ce sont de gros groupes musculaires qui sont courts.

Si j’ai les dorsaux très courts et que cela est compensé par des longs biceps et des deltoides postérieurs longs, ils n’empêchent que je serais toujours moins forts aux tirages, un petit muscle, même “long” ayant moins de potentiel de développement et de production de force.

Biceps longs mais dorsaux courts, suis-je cuit ?

Photo issue de mon livre “Le Guide de la Musculation au Naturel

On pourrait imaginer que lorsque que j’ai des longs segments, cela va de pairs avec des muscles longs mais c’est souvent l’inverse qui se produit.

En effet, si l’on regarde les coureurs kenyans, leurs longs segments sont accompagnés de muscles courts pour plusieurs raisons dont notamment celle de ne pas produire excessivement de la chaleur (Le rendement énergétique de l’être humain est autour de 25%, les 75% restant étant évacués sous forme de chaleur au lieu de produire du mouvement) au vu de leurs environnements ce qui les aident pour performer sur des longues distances grâce à une “meilleure thermorégulation”, mais aussi grâce à des tendons plus longs capables d’emmagasiner plus d’énergie élastique.

A l’inverse, si l’on regarde les pistards, les pratiquants de cyclisme sur piste, on peut s’apercevoir qu’ils ont souvent les fémurs très courts avec des quadriceps qui leurs tombent sur le genou, autrement dit extrêmement longs, comme leurs fessiers qui ne sont souvent pas bien loin de leurs genoux en exagérant un peu.

A partir de là, nous sommes tous un assemblage unique de longueurs osseuses et musculaires avec notre propre potentiel de base que nous allons pouvoir faire fructifier en individualisant notre entrainement.

Car, c’est à cela que sert l’analyse morpho-anatomique, à déterminer ce pourquoi que je suis fait et ce pourquoi je ne sais pas fait afin de réduire mon risque de blessure mais aussi d’exploiter au mieux mon potentiel en choisissant les bons exercices aux bonnes amplitudes pour moi.

C’est en ce sens que dans de nombreux sports dont notamment le basket, comme cela est expliqué dans le très livre “Le Gène du sport”, on sélectionne beaucoup sur l’envergure des jeunes joueurs.

Existe-t-il donc une bonne morphologie en kayak pour performer ?

3 - Quelles sont les prédispositions pour performer en Kayak ?

Etant un des précurseurs de l’analyse morpho-anatomique, je me suis vite rendu compte que les meilleurs kayakistes avaient une morphologie bien particulière.

Bien sur, il y a des exceptions, le cygne noir, mais en se rendant sur une compétition, notamment internationale, on voit des similarités entre les physiques des champions.

Cela est bien évidemment valable dans n’importe quel sport.

Déjà, il faut être grand et quand je dis grand, ce n’est pas qu’un peu, notamment en sprint.

Rares sont les petits gabarits en Kayak qui performent à très haut niveau.

Les femmes font souvent plus d’1m70 et les hommes plus d’1m85.

Toutefois, la taille ne suffit pas car ce qui compte, c’est le ratio buste / bas du corps.

En effet, à l’instar de Bernard Bregeon qui avait une vertèbre en plus, plus mon buste va être long, plus je vais être haut et “surplomber” le kayak me permettant d’aller chercher plus loin devant là où se situe l’accroche.

Plus qu’une question de taille, c’est une histoire de proportion.

Si, à l’inverse, j’ai des longues jambes par rapport à mon buste comme un kenyan, cela va être plus compliqué et mon “fort” potentiel se retrouvera plus en course à pied. Cela me fera, en plus, du poids en “trop” avec ces jambes qui ne me serviront pas.

A partir de là, la longueur des bras est déterminante.

Dans les manuels de l’ICF que je cite régulièrement, ils parlent pour les hommes d’une envergure de 13 centimètres plus grande que la taille.

Cela signifie que si je fais 1m80, “je dois” avoir 193 cm d’envergure ce qui est énorme et peut choquer ceux qui ne sont pas habitués à aller sur les bassins de compétitions qui sont un vraie repère de longs bras.

Côté musculaire, mieux vaut avoir des grands dorsaux et un grand rond longs. C’est d’ailleurs ce qui m’a choqué la première fois que j’ai vu des kayakistes de haut niveau, un développement musculaire important de ce dernier.

Plus mon dorsal sera long, plus je serais fort à l’accroche mais aussi à la rotation avec sa portion basse.

A l’inverse, s’il est court, je vais devoir tirer en bras et comme vu plus haut, cela ne pourra jamais compenser ce “manque” de longueur”.

Côte bras, même si une étude était sortie pour dire que plus on avait de gros biceps, mieux cela était pour le kayak… si cela est compensé comme prévu par des longs muscles des avant-bras parce que j’ai les biceps courts, je n’aurais aucun déficit de force en flexion de coude.

Enfin, avoir le buste long signifie souvent avoir plus de “place” pour les muscles abdominaux et étant un facteur important pour des notions de gainages, je n’ai pas, je pense, à vous convaincre de cet intérêt d’avoir les abdos longs (l’ensemble des obliques et du grand droit, sans oublier le transverse).

C’est personnellement ce que j’appelle être un “gorille” dans ma codification de l’analyse morpho-anatomique (vous pouvez apprendre à faire votre analyse dans cette formation sur la morpho-anatomie).

La “bonne” morphologie en kayak ?

Dessin issu de mon livre “Le Guide de la Musculation au Naturel

Maintenant, la question qui se pose est : Suis-je foutu si je n’ai pas ces particularités anatomiques ?

Est-ce que je pourrais tout de même aller vite ?

Est-ce que la performance se résume à mes longueurs osseuses et musculaires ?

4 - Peut-on aller vite sans la bonne morphologie en Kayak ?

Evidemment la performance ne peut se résumer à une bonne morphologie en kayak car d’autres facteurs interviennent.

Il n’empêche que comme l’expliquait Julien Carbier dans l’épisode 54 des Secrets du Kayak, que c’est un mode de détection en Hongrie, le pays qui domine le plus les épreuves de vitesse.

Performer au plus haut niveau, c’est une combinaison de facteurs innés, que l’on appelle à “tort” le talent (Le talent, ce n’est que la répétition) et de travail.

Ce n’est pas parce que j’ai les plus gros muscles et les bons leviers que je suis le plus fort car cela dépend aussi bien de facteurs nerveux comme la coordination intermusculaire (entre nos muscles) et intramusculaire (entre les fibres d’un même muscle) mais également de la force avec laquelle se contracte chaque fibre.

Bien que nous n’ayons que peu d’impact sur notre proportion de “fibres lentes / fibres rapides”, il n’empêche que nous pouvons influencer la force que chacune développe.

La motivation qui n’est autre que la résultante de mécanismes hormonaux et neuraux peut être développée et entretenue par la mise en place de bonnes habitudes, par l’entraînement en groupe, par la création d’un environnement propice aux progrès.

Avoir l’envie peut ne pas être inné mais s’apprend et surtout se faire naturellement au contact d’autrui.

Benoit Bayeux du club d’Angers en parlait bien dans l’épisode 89 des Secrets du Kayak :

L’idée n’est pas d’être fataliste quant à sa morphologie en kayak mais de compenser, si cela est possible et personne n’en sait rien jusqu’à preuve du contraire, et de voir jusqu’où cela mène.

J’ai les “bras courts”, est-ce que je ne peux pas aller chercher plus devant en me penchant en avant, en compensant avec une meilleure souplesse des ischio-jambiers ? Est-ce qu’avec plus de rotation, cela fonctionne aussi ?

La performance a été toujours été et sera toujours multi-factorielle.

Personne n’a jamais toutes les cartes en main et pire encore, de mon expérience de coach, plus on est doué, moins on s’investit.

C’est quand on a justement pas toutes les cartes que le “spirit” se développe.

Et même quand on est morphologiquement fait pour, on se doit de se poser la question : Que dois-je faire pour m’améliorer ?

Souvent, les réponses et les pistes sont multiples. Rien n’est jamais parfait.

Nous avons toujours des exceptions qui confirment la règle et personne ne sait qui en serait une ou pas.

Car le plus important, avec le recul, de près de 20 ans d’entraînement acharné dans différentes activités, c’est le spirit, “avoir l’envie de” et d’être actif dans sa recherche de solution.

Bien sur, la bonne morphologie en kayak aide mais ne suffit pas et on ne peut se reposer dessus.

Cela peut permettre d’identifier des individus ayant des capacités innées mais elles ne suffiront pas pour performer au plus haut niveau, à son plus haut niveau.

Qui a, par exemple, exploré toutes les pistes dont je parle dans ma Formation gratuite ?

Je n’ai jamais “tout” et c’est pourquoi mieux vaut se concentrer ce sur quoi on a des possibilités d’agir.

La recherche de l’excellence est sans fin.

5 - Conclusion sur la morphologie en Kayak

Nier les différences entre individu est impossible mais ce n’est pas forcément ce qui se voit qui a le plus d’importance à terme pour performer.

Evidemment, avoir la bonne morphologie en kayak, c’est à dire les bonnes proportions est un plus indéniable mais ce que j’en fais compte encore plus.

Si j’ai des “longs bras” mais que je tape l’eau à chaque coup de pagaie, il y a peu de chance que je “performe” et que je sente la fameuse “glisse” qui nous fait tant plaisir.

Il y a de nombreux facteurs à prendre en compte pour progresser et bien que l’analyse morpho-anatomique soit particulièrement intéressante pour mieux agencer son programme d’entraînement en musculation, il faut faire avec quand il n’est pas possible de “changer” les règles comme en kayak.

Si j’ai des bras courts, je devrais faire et du mieux que je peux, le tout étant de ne pas être fataliste et de réduire la performance à comment je suis.

Il est vrai que nous n’avons que rarement vu des petits gabarits performer mais cela ne signifie pas que cela soit impossible.

Nous sommes tous des assemblages uniques avec nos forces et nos faiblesses et de mon avis, mieux vaut se concentrer sur l’exploitation de ses forces plutôt que de se lamenter.

J’espère en tout cas vous avoir éclairé sur la bonne morphologie en kayak.

Si vous souhaitez aller plus loin sur ce sujet, je propose des analyses morpho-anatomiques et articulaire dans ma salle de musculation, le SuperPhysique Gym, que j’appelle le “Coaching Premium” et qui vous aidera à personnaliser votre entraînement de musculation, à mieux progresser et à réduire vos risques de blessures.

A très vite,

Rudy

Précédent
Précédent

Les bases de la musculation pour le Kayak

Suivant
Suivant

Les bases de l’alimentation en Kayak