Interview : Fred Rebeyrol

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Fred Rebeyrol en septembre 2022.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Fred Rebeyrol : Bien, j’ai écouté quelques-uns de tes podcasts et c’est avec plaisir qu’on va échanger ensemble.

Les Secrets du Kayak : Tu étais à Londres la semaine dernière ?

Fred Rebeyrol : Oui, je travaille dans le kayak extrême, je suis intégré à l’équipe slalom, on était à Londres pour repérer le bassin des futurs championnats du Monde 2023, sur le bassin des JO de 2012. On est allé prendre nos marques. Notre but étant de former un groupe de compétiteurs tournés vers la performance.

Les Secrets du Kayak : C’est quoi le kayak extrême ?

Fred Rebeyrol : Maintenant ça s’appelle le kayak cross. C’est 4x4 dans un parcours d’eau-vive, il y a deux portes à remonter, et des obstacles, et des esquimautages à réaliser. Les deux premiers en bas se sélectionnent pour le tour suivant. Il existe quand même des sélections par une corde de chronométrage afin de déterminer un ordre de passage. C’est une discipline qui vient rénover le canoë-kayak dans son aspect olympique.

Moi, je développe le kayak-cross en France. Je vais chercher les titres et les médailles sur la scène internationale. Tout pagayeur peut venir se confronter, mais pour le moment ce sont des slalomeurs qui se manifestent.

Mon rôle est d’entraîner, développer, organiser la pratique en haut niveau sur le terrain national. J’apporte mon regard sur la discipline. Aujourd’hui tout le monde progresse ensemble, puisque la discipline est toute nouvelle. On avance tous ensemble, on cherche à s’enrichir du regard de tous. Il n’y a pas une culture de la performance, on est vraiment dans l’échange pour aller plus vite.

Les Secrets du Kayak : Comment on s’entraîne en kayak-cross ?

Fred Rebeyrol : L’entraînement est un petit changement de culture par rapport au kayak qui lui est plutôt individualiste. Le premier est de comprendre que c’est une activité de contact. Mentalement, il faut accepter que l’on ne va pas pouvoir naviguer comme on le souhaite. Il faut prendre conscience de cette confrontation directe.

Ensuite ça va être de naviguer sur le bateau spécifique, un bateau en plastique à 18kg ce n’est pas la même chose qu’un kayak en carbone. Il va falloir s’habituer à l’inertie du bateau, il va falloir naviguer sans divulguer la dextérité d’un slalomeur. On va chercher à valoriser la confrontation, être malin et opportuniste.

La troisième chose c’est qu’il faut des partenaires d’entraînement pour développer des techniques, s’habituer à être gêné, à doubler. Il faudra cohabiter sur des situations de jeu et de confrontation, il faudra savoir prendre des décisions.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des règles interdites ?

Fred Rebeyrol : Cette nouvelle activité est arbitrée. Ce n’est pas du jugement comme en slalom. Il y aura des comportements qui seront sanctionnés pour jeu dangereux. L’arbitre peut avoir des petites interprétations. Le plus souvent, ils se servent de la vidéo. Il y a des règles effectivement. Il ne faut pas avoir l’intention de faire du mal à l’autre. On ne peut pas sortir les mains de la pagaie pour sortir de la bouée. Il faudra toujours avoir un contact avec la pagaie.

L’intérêt c’est d’avoir à l’arrivée tout le jugement de fait, sans réclamation possible de la part de l’athlète. C’est assez ludique, les courses s’enchaînent. Je pense que ça va plaire aux plus jeunes. On sent de l’engouement qui se développe pour cette nouvelle pratique.

Les Secrets du Kayak : Comment as-tu découvert le kayak ?

Fred Rebeyrol : Moi je suis issu du sport collectif, le rugby essentiellement. Très tôt j’ai fait du bateau à 7-8 ans pendant les vacances surtout en Dordogne. En même temps que le rugby, je faisais de l’UNSS kayak en 4ème-3ème.

Pour une blessure au dos, j’ai arrêté le rugby. J’ai donc commencé tard le kayak à 16 ans. Mais j’ai de suite adhéré à l’activité. J’aimais déjà la compétition en rugby. Le club était orienté dans la compétition, c’était un club de descente, j’ai vite eu l’envie de progresser. L’ambiance et l’envie de performance étaient présentes.

Ensuite je suis rentré en STAPS à Poitiers, j’ai aimé de suite l’organisation de ma vie autour du sport pour vraiment m’entraîner matin, midi et soir. J’étais animé pour continuer à m’investir dans l’entraînement et dans la compétition.

Les Secrets du Kayak : A ton époque, lors des courses de descentes il y avait beaucoup de monde ?

Fred Rebeyrol : J’étais junior en 1993, j’ai fait de la compétition jusqu’en 2001. La descente en France a vraiment une culture du bateau rivière. Il y a eu un recul de l’activité sur la compétition, mais comme partout. Ça arrivait qu’il y ait 300 kayaks hommes aux championnats de France. Je crois que les pagayeurs de tout temps ont toujours eu le même engagement dans le haut niveau. Il y avait beaucoup de pratiquants qui faisaient de la compétition.

Les Secrets du Kayak : Dès le début en faisant du kayak, tu avais vu que tu étais plus fort que les autres ?

Fred Rebeyrol : Non, mais je me suis pas mal entraîné dès le début. La culture faisait que tu y allais quand tu le voulais, c’était une base de plein air avec de l’escalade, de la spéléologie, du VTT. On avait tous les clés. C’était une autre époque. J’y allais régulièrement toutes les semaines, pendant les vacances, lors des stages.

On était un groupe avec les mêmes envies de liberté de faire des stages longs. Je consacrais beaucoup de temps à la préparation par des activités annexes course à pieds, vélo, musculation. On était un groupe animé de la même passion.

Les Secrets du Kayak : Vous étiez un gros groupe d’entraînement ?

Fred Rebeyrol : On était souvent une dizaine, on ne faisait que de la course classique entre 12-20min pour s’entraîner sur des activités aérobies, c’est plus facile d’être au contact des autres pour progresser. L’émulation m’a aidé à progresser. On avait beaucoup d’autonomie. Les moniteurs nous aidaient pour faire des séries mais c’était centré sur le physio et de l’eau-vive. Il fallait avoir de la caisse et bien descendre les rivières. Quand tu as la caisse, tu peux descendre beaucoup de rivières, et ça faisait progresser techniquement.

Les Secrets du Kayak : Lorsque tu rentres en pôle, tu avais un objectif à ce moment là ?

Fred Rebeyrol : L’objectif était clair ! Rentrer dans les équipes de France jeune ou senior. Toujours progresser voir jusqu’où je pouvais aller. J’avais des lacunes par rapport à d’autres, mais j’avais une démarche gagnante. Tu en sors toujours gagnant partant de là, soit par une médaille, soit par le chemin parcouru. J’ai sans doute fait des erreurs mais j’ai progressé. J’ai rencontré des sportifs meilleurs que moi lors des stages, d’autres entraîneurs qui m’ont aidé, j’ai toujours été curieux d’apprendre et de tester.

Les Secrets du Kayak : A quoi ressemblait ton rythme d’entraînement ?

Fred Rebeyrol : Ça n’a pas changé sur les volumes d’entraînement, deux séances par jour comme précédemment. En Staps, tu as la possibilité de t’arranger, en haut niveau également ! Tu peux t’organiser pour bien t’entraîner. Au pôle à Poitiers, c’était bateau le matin, l’après-midi, ou bateau matin et musculation footing l’après-midi. Ma rencontre avec Jean-Pascal Crochet faisait qu’on était sur du biquotidien. Le week-end, c’était les sorties en rivière.

Les Secrets du Kayak : Avec ce rythme, tu as progressé au-delà de tes espérances ?

Fred Rebeyrol : Avec ce rythme j’ai progressé, mais on progresse aussi avec des erreurs, en essayant des choses, en faisant des choix. Ma meilleure performance c’est d’avoir été sélectionné sur des coupes du Monde. J’étais régulièrement entre la 4-7 ème place en championnat de France. Donc ce n’était pas souvent que je me sélectionnais à l’international. Je m’entraînais avec les meilleurs français mais j’avais toujours des secondes de retard par rapport à eux. J’étais conscient de mon niveau. Je connaissais mon niveau, je savais comment j’y étais arrivé. Je n’ai pas de regret sur mon niveau atteint.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qui t’a manqué pour accéder ou te rapprocher des premières places ?

Fred Rebeyrol : C’est difficile de l’expliquer. Je pense que je n’étais pas le plus habile en aisance en eau-vive. Peut être sur mes capacités aérobie à enchaîner des courses à très haute intensité. J’ai fait des choix en musculation, est-ce que c’est ce qui me manquait ? J’ai eu des courses ou psychologiquement c’était plus dur, d’autres où j’étais mieux.

J’ai commencé un peu tard le bateau ! Est-ce un manque d’expérience ou de confiance ? Est-ce que je suis allé au maximum de ce que je pouvais faire ? Peut être n’était-ce pas assez rentable. J’aurais pu plus progresser techniquement ? J’ai du mal à expliquer exactement le pourquoi du comment, je pense que c’est parce que j’ai commencé tard.

Je pense qu’en France il y avait une très grande concurrence pour atteindre la 4è place permettant d’aller aux championnats du Monde. Ma force est d’être têtue mais c’est aussi peut être ma faiblesse. Pour l’eau-vive, il me fallait davantage d’aisance.

Les Secrets du Kayak : Est-ce lorsqu’on est 4-7ème français, on a des aides de l’État pour pouvoir vivre du kayak ?

Fred Rebeyrol : Les aides de l’état, c’était sur la structure de l’accueil, le pôle de Poitiers prenait en charge les déplacements et les stages. La prise en charge de l’entraîneur et tous les cadres techniques. Les aménagements scolaires avec rattrapages de cours sont payés par l’État. Moi assez vite, je travaillais l’été ce qui aidait un peu. Et les deux dernières années, j’étais conseiller de séjour au CREPS. Je m’occupais des jeunes sportifs en pôle France tennis qui étaient internes.

Je travaillais mais ce n’est pas une explication à mon niveau sportif. J’avais le temps de m’entraîner. Je pense que j’étais arrivé au meilleur de mon niveau tout simplement. J’ai fait de belles courses, je me suis exprimé avec une grosse partie de mon potentiel, et j’ai beaucoup appris pour la suite de ma carrière en temps qu’entraîneur. C’est certainement dans l’approche de course, où le corps n’en fait qu’à sa tête que j’aurais du davantage m’investir pour me libérer et mieux sentir l’enjeu du résultat.

Les Secrets du Kayak : A l’époque, tu n’avais pas de préparateur mental ?

Fred Rebeyrol : A la fin de ma carrière seulement. A l’époque, je n’avais personne pour aborder la compétition. J’en ressentais le besoin mais je ne l’ai pas creusé. Jean-Pascal était très ouvert pour faire venir des personnes externes pour l’approche mentale dans le but de la performance. Ce n’était pas institué comme aujourd’hui.

Les Secrets du Kayak : Pourquoi arrêter ta carrière en 2001 ?

Fred Rebeyrol : J’ai passé mon concours de professorat de sport. On m’a proposé un poste de CTR en Champagne Ardennes, ça a été clair, je voulais faire ce métier. A travers les stages et les compétitions, j’ai rencontré des cadres techniques qui m’ont donné envie de faire ce métier.

Et sportivement, j’étais arrivé au bout de ma performance. Mon club au final a davantage formé des entraîneurs que des athlètes. Peut être était-ce ma culture qui m’a attiré vers ce métier, cette envie d’aider les autres plutôt que d’être focus sur moi même. Je n’ai sans doute pas eu assez d’ambition pour continuer d’être kayakiste.

En tant que CTR, j’organisais au sein du comité régional Champagne-Ardennes, le sport pour les jeunes et les moins jeunes. Aller dans les clubs, organiser des stages pour les week-end et les vacances, organiser des compétitions. Parallèlement, j’entraînais quelques athlètes.

Les Secrets du Kayak : Tu es donc passé de Toulouse à la Champagne-Ardennes ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Fred Rebeyrol : Professionnellement j’ai régulièrement évolué. J’ai fait CTR en champagne-Ardennes, puis dans le Limousin. J’ai fait ce parcours tout en continuant d’être sollicité par des athlètes de la descente. Des athlètes de l’équipe de descente avec lesquels j’avais pas mal d’affinités.

Je me suis aussi occupé de C1. J’étais attiré par le métier d’entraîneur tout en étant CTR. Il y a eu une réforme de la filière à la FFCK, notamment sur le pôle de Toulouse. Dès 2005-2006 je pars à Toulouse, et les quatre pôles France devenaient multi-activités. Le but était de mettre en place un remue-ménage intellectuel et physique dans la pratique du kayak. J’y ai retrouvé d’autres collègues qui m’ont beaucoup appris.

Cette ambiance 2006-2012 a été formidable, j’ai appris au contact des entraîneurs mais aussi et surtout au contact des athlètes. L’ambiance bateau directeur était très forte à Toulouse, on organisait beaucoup de séances en commun que ce soit PPG ou bateau. Tous ont fait résonner en moi une approche de la compétition et de l’entraînement et du sport. Pendant plusieurs années dans ce pôle, on a eu plusieurs athlètes sélectionnés aux championnats du monde dans toutes les disciplines, avec tous les ans des médailles, il y avait une émulation. Je pense que les DTN de l’époque avait imaginé cette mutualisation de compétences. On s’est tous tiré vers le haut, avec un réel esprit de partage, d’entraide et la haute performance. Aller chercher la haute performance, c’était le job de tout le monde.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que c’est toujours comme cela à Toulouse aujourd’hui ?

Fred Rebeyrol : Toutes les structures ont évolué. A Toulouse également mais on est bientôt en 2023, tout bouge. Les champions qui veulent aller chercher la gagne savent aller s’alimenter de l’extérieur. Je crois qu’à la FFCK c’est une force. Mais c’était pareil pour les autres pôles. A Toulouse, le pôle est devenu essentiellement spécifique en descente. Il y a toujours de la ressource humaine de qualité là-bas pour aider les sportifs qui veulent percer. Mais il y a moins d’entraîneurs, la structure est moins développée que par le passé.

Pendant trente ans, il y a eu une culture avec des médailles accès eau-vive, avec l’arrivée de la course en ligne en 2005-2006 il y a eu de l’eau-plate. Et maintenant c’est davantage de la descente. Mais s’entraîner en couse en ligne est toujours possible.

Les Secrets du Kayak : L’entraînement en descente utilise un autre jargon que celui de la course en ligne. Tu parlais qu’à ton époque les courses duraient entre 12 et 20 min. Est-ce que tu peux expliquer un peu les choses ?

Fred Rebeyrol : Toi qui est spécialiste de physiologie peut être ne sera-tu pas d’accord avec moi. A l’époque les courses font entre 12-20 min, et ce qui était demandé dans les clubs c’était la capacité aérobie. Avec des effort de 20-40 min où on se mettait un peu dans le rouge quand même. Mais on restait centré sur la fréquence cardiaque. C’était un indicateur de réussite si on restait dans la cible de la séance.

Lors des séances, l’énergie était apportée avec peu de déchets lactiques. En course en ligne, il y a la notion d’efficacité gestuelle. On peut organiser les séances de bateau dans cet objectif. Certes tu as de l’EB1 mais aussi de l’EB2 où la conséquence biologique est la puissance aérobie. Mais pour obtenir cette efficacité gestuelle la cadence sera basse avec un rendement technique.

En descente c’est arrivé aussi, notamment sur les sprints. Quand tu es plus précis dans l’accompagnement de ton bateau par la pagaie ça aide à passer sur les vagues. L’entraînement s’est organisé sur la notion de basse ou de haute intensité. Le but aujourd’hui est d’envoyer une grosse accélération du bateau sur chaque appui.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que cette pratique d’entraînement convient à tous les profils d’athlètes ?

Fred Rebeyrol : Si on veut préparer un effort court, il faut développer des aptitudes à créer de la vitesse. Il faut passer par la technique, il faut de la force et de la vitesse de bateau. Il faut l’acquérir avec des exercices qui vont mobiliser sur le plan musculaire, il faut emmener du braquet. Et pour cela il faut du gainage, il ne faut pas de fuite articulaire. S’il y en a le bateau va décélérer.

Donc pour préparer du sprint, il faut passer du temps à accélérer le bateau. Si tu restes sur une vitesse de déplacement constante, est-ce que tu peux vraiment être prêt pour pousser le bateau au sprint ? Il ne faut pas non plus tomber dans l’excès mais la filière anaérobie couplée au rendement technique reste importante à mes yeux. L’entraînement et l’entraîneur doivent s’appuyer sur les qualités naturelles des sportifs.

Les Secrets du Kayak : Comment tu te retrouves à la course en ligne ? Tu as l’air de t’éclater comme un fou en descente ?

Fred Rebeyrol : En descente, j’ai collaboré avec plein de sportifs qui ont réussi, parfois d’autres moins. Sur le pôle de Toulouse certains athlètes m’avaient fait venir sur leur entraînement, j’ai été initié assez tôt avec eux, et petit à petit j’ai basculé sur la course en ligne. J’étais dans la même promo pour le professorat que François During, on se connaît bien. Et il y avait Jean-Pascal Crochet, donc cette ambiance m’intéressait.

J’ai eu des athlètes en junior qui voulaient faire courses en ligne et descente. Mon regard sur l’activité a été initié pour les Jeux de Rio en partageant des séances avec Maxime Beaumont, Manon Hostens. Ça a toujours été les sportifs qui sont venus à ma rencontre pour me demander de les aider. Ensuite François m’a invité lors d’un stage en tant qu’entraîneur, on s’est occupé des canoës. De fil en aiguille, j’ai poursuivi en côtoyant les athlètes phares du moment.

Les Secrets du Kayak : Au final, tu t’es retrouvé entraîneur chez les femmes ?

Fred Rebeyrol : François s’occupait des kayaks homme, Anthony Soyer des Canoës, et moi les kayaks dames, et Jean-Pascal était head-coach pour préparer Tokyo. Donc je me retrouve entraîneur en course en ligne pour les 200m et 500m. J’ai alterné les stages tout de même entre kayak homme et femme.

Les Secrets du Kayak : Toi tu viens plus de l’aérobie, et au final tu deviens entraîneur de sprint, c’est un parcours un peu complet finalement ?

Fred Rebeyrol : Oui. Mais je fais la part des choses entre ce que j’ai fait en tant que sportif et ce qui me semble être bon pour entraîner au sprint. Je pense que c’est la bonne démarche qui permet d’accompagner le sportif dans les étapes à mettre en place pour lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Moi ma culture sportive personnelle aime l’aérobie, ma pratique personnelle est mise de côté, ça n’a rien à voir. On construit les choses avec l’athlète. Construire sur des éléments personnels de mon passé peut entraîner des erreurs et ce n’est pas adapté à l’athlète.

Les Secrets du Kayak : A Tokyo ça ne s’est pas forcément bien passé pour les français, est-ce que pour toi ça reste une bonne expérience ?

Fred Rebeyrol : Bien sur qu’on est attiré par la médaille, mais mon intérêt reste le sportif. On a réussi à faire des choses qui nous ont enrichis. On n’a pas de médailles, ce n’est pas satisfaisant, mais je ne reviens pas abasourdi, ni avec des regrets. On aurait certainement pu mettre en place des choses pour faire mieux. Aujourd’hui, on travaille la vitesse de pointe et on est deuxième après les Néo Zélandaises. Il faut trouver ce qui manque pour finir. Moi j’en reviens avec de l’énergie pour poursuivre mon métier d’entraîneur.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’après Tokyo, c’était prévu que tu passes sur une autre discipline ?

Fred Rebeyrol : J’ai fait l’olympiade pour la course en ligne. J’ai posé ma candidature pour de nouveau intégrer le groupe de course en ligne sur l'entraînement, je n’ai pas été retenu par les instances dirigeantes, j’ai compris pourquoi. On m’a fait une proposition intéressante sur une discipline qui se monte et je suis prêt à remporter ce défi.

Les Secrets du Kayak : Moi je trouve cela super, ça reste dans la continuité de ta carrière, tu es touche-à-tout. On voit que tu vis chacune des activités, ça fait plaisir à entendre.

Fred Rebeyrol : Pour que j’en retire des bénéfices sur mon engagement d’entraîneur, il me faut m’investir. J’ai toujours œuvré dans ma démarche avec sincérité et engagement, au service de l’être humain. L’être humain est surprenant, il peut faire des choses incroyables, comme décevantes. Mais l’être humain est porteur d’espoir. Faire progresser les sportifs est source d’espoir pour moi. Ça demande du travail, de l’engagement. Ça me donne le courage de me lever tous les matins pour les accompagner.

J’ai voulu me prêter à l’exercice de ton podcast puisque à chaque fois qu’on me pose des questions, ça me pousse à progresser. Je sens bien que pour être entraîneur il faut de l’énergie. Pour moi, pour aller chercher la réussite il faut être radical, pour faire avancer le corps il faut lui donner des stimuli assez forts, mentaux, techniques ou physiques pour aller gratter les centièmes de secondes.

Il faut tout le temps se réinventer pour avancer.

Vous pouvez retrouver Fred Rebeyrol sur son compte instagram.

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